Extrait du journal

Ce caractère de légende universelle donne le ton à cet souvenirs, un ton à la fois candide et religieux, qui nous laisse entendre que la' petite fille qui parle n'est pas seulement une petite fille du ghetto d'une ville russe; mais une petite fille de la race qui a. servi à symboliser l'histoire des débuts et des origines de toute l'humanité, la race qui a donné à l'humanité ses fables, ses croyances, sa première, et instinctive dévotion. Le conte de l'enfance de Bella Chagall est conté d'un façon égale et pure, et comme par un conteur plein de sagesse, plein d'expérience et qui porte la charge d'un très ancien passé. C'est ce ton que je retrouve dans les histoires que conte la peinture de Chagall. N'est-ce pas une peinture religieuse, et qui relève du plus vénérable passé religieux de l'humanité ? C'est pourquoi, outre l'admiration qu'elle inspire par sa beauté, elle inspire aussi le respect, ce respect que les âmes pieuses assimilent à la crainte, mais à une crainte, si je puis dire, familière, une crainte fervente et dévouée, celle que les enfants ressentent en présence de ce qui est puissant, mais bon. Il y a tant de passé dans les peintures de Chagall, tant de fabuleux passé, tarnt d'âme ancienne et d'ancien testament, tant de Dieu ! J'entends, et il entend aussi ce Dieu qui parle aux hommes, qui est toujours parmi eux, et qui , s'occupe de leurs malheurs. Dans son enfance, Bella Chagall a dialogué avec ce Dieu-là, et lui, Chagall, comme. un peintre des siècles d'enfance et de foi, il poursuit, dans ses peintures, Je, dialogue, Diaiogue candide, dialogue direct et véhément, ou il entre souvent de la conteste et de la passion et dans lequel, «Min, lé dernier mot resté À l'homme....