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Les Lettres françaises, 31 mai 1946

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Les Lettres françaises
31 mai 1946


Extrait du journal

Mais n'est-ce pas déjà beaucoup d'honneur que d'accorder son mél pris? Le sage a-t-il vraiment tant de minutes à perdre et l'argent est-il si grand que sa vue en soit gênée ? Quelle bassesse que de mépriser un tel objet ! Il faut l'ignorer, avec tout ce qui n'est pas. Les morales ont ce défaut qu'elles exigent trop des hommes dans leurs actes, les attachant à d'impossibles et stériles vertus, et qu'elles sont insoucieuses de donner à leurs regards un peu de hauteur. J'estime et j'aime celui qui s'est placé en un lieu tel que les objets ordinaires du mépris ne soient pas même perceptibles pour lui. Alors il peut être question d'un mépris qui ne serait pas faiblesse. Mais les mépris d'un tel homme sont des arrêts de mort....
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À propos

Organe du Comité national des écrivains, Les Lettres françaises est un hebdomadaire français culturel fondé clandestinement en 1942 sous l'Occupation par les écrivains Jacques Decour et Jean Paulhan. S'élevant contre le régime de Vichy, le titre a pu bénéficier de la collaboration de nombreux artistes comme Raymond Queneau, François Mauriac ou Louis Aragon, qui en deviendra rédacteur en chef en 1953 avec le soutien financier du Parti communiste.

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