Extrait du journal

bas : Elle dort ! Je me gardai bien de prouver le con traire , car j’espérais de celle erreur un relâchement de surveillance. En effet, sitôt que je me sentis seu le, je me relevai vivement, je descendis sur la pointe des pieds , j’arrivai à l’étage inférieur sans avoir été vue de personne, et là j’eus la folle joie de trouver enfin quelque chose d’ouvert sur la campagne... une porte ou une fenêtre, je ne sais plus? Tout ce dont je me souviens, c’est que je m’élançai de très-haut et que je me froissai quelque peu dans la chute. Mais qu’importe ! j’étais libre enfin, j’allais vous revoir!... I Comme je courus rapidement au grand chêne ; il me 1 semblait avoir les ailes de l’oiseau ! Avec quel trans port nous nous précipitâmes dans les bras l’un de l’autre!... Toi aussi, je m’eu souviens, tu étais pres que aussi heureuse que nous deux. On riait, on pleu rait, on dansait on gesticulait follement, on s’em brassait encore ! Ah ! pourquoi le ciel nous donne-til de telles émotions, de telles félicités dans l’enfan ce?. . Plus lard, hélas! on ne peut plus en retrouver de semblables dans la vie ! — Et comme pour graver davantage encore dans notre mémoire le souvenir de ce beau jour, ajouta la jeune aveugle, tandis que sa compagne trop émue s’arrêtait un instant. Dieu voulut le marquer par un grand péril commun , par un éternel sujet de recon naissance envers Conrad. — Oui... ce loup... cet énorme loup !... s’écria la belle comtesse, qui se prit à frissonner tout à coup d’une rétrospective terreur. — Nous ne l’avions pas entendu venir... fil Berlha sur le même ton... Vous ne le voyiez pas encore, vous autres... La première tu l’aperçus... tu jetas un grand cri... Mais, oh vaillante et généreuse Hé lène !... tu me saisis aussitôt dans tes bras... lu le...