Extrait du journal

A l’heure dite, le magistrat entrait chez l’Empereur. — Sire, j’ai fait condamner un homme à mort et cet homme est innocent ! Je vous de mande sa grâce et sa liberté et plus encore la grâce du vrai coupable ! Toutes les ap parences et tous les témoignages étaient con tre lui, et ma parole convaincu a obtenu un verdict affirmatif sans aucune mention de circonstances atténuantes ! L’attitude calme et résignée de l’accusé, en entendant sa con damnation, ma frappé, le ton pénétrant avec lequel il a affirmé son innocence ma ému et profondément troublé. La femme du con damné, accourue chez moi après la sentence, a augmenté mon inquiétude par la manière dont clic m’a affirmé que son mari était in nocent ! Je n’eu pouvais douter, il y avait là un mystère ! Je cours à la prison et, seul avec le condamné, je lui demande : — Puis que vous vous dites innonccnt, vous connais sez le coupable. — Oui, je le connais. — Ilévélez-moi son nom t — Silence. — J’insiste. Je préfère mourrir. — Mais si je vous donne ma parole qu’il ne sera pas poursuivi ? — Il m’a regardé fixement. — Vous me la don nez ?— Je vous la donne.— Eh bien c’est mon père qui a tiré le coup de fusil qui cause ma condamnation. — lît en deux mots il m’a donné la preuve de son affirmation. — Sire, votre bonté peut réparer cette erreur de la justice humaine et permette que l’héroïsme du lils rachète le crime du père. Napoléon III, les larmes aux yeux, serra la main du magistrat : — Allez vite dire à ce brave homme que l’Empereur lui accorde sa grâce et que ja mais son père ne sera poursuivi. Le procureur général, reconnaissant, prend congé de l’Empereur poiîr aller annoncer la bonne nouvelle au prisonnier; mais il n’était pas au bas de l’escalier qu’il était rappelé par Sa Majesté, qui prend six billets de mil ia francs dans un secrétaire — Voilà de ma part pour votre condamné....