Extrait du journal

I a politique esi fertile en imprévus. De même que, selon la facetieu.se formule bien connue, une santé excellente est un état essentiellement provisoire et qui ne présage rien de bon. de même les périodes de calme et de beau fixe au baromètre parlementaire ne sont jamais que de simples accalmies annonciatrices de prochaînes tempêtes, souvent les plus inopinées du monde. C’est pourquoi la vie gouvernementale, dans notre régime où les partis restent en permanence en état de paix armée et guettent les moindres prétextes de s'entredéchirer, est tellement précaire et exposée aux sautes de vent les plus brutales. Voici par exemple le cas, vraiment typique, du ministère Chautemps. Il termine la session extraordinaire par plusieurs succès tout à fait enencourageants fin décembre. On s’accorde, dans tous les milieux, même dans ceux qui lui sont hostiles, à considérer que ses victoires successives à la Chambre et au Sénat lui permettent de marquer des points importants et d’envisager avec optimisme au moins un prochain avenir allant jusqu’à la fin janvier ou jusqu’en février, et peut-être jusqu’aux ides de mars. On envisage même qu’en consolidant habilement les avantages ainsi obtenus et en mettant à profit le temps gagne, il peut assez solidement organiser ses positions en vue d’une existence peutêtre plus longue qu’on ne l’aurait imaginé d’abord. C’est sur ces perspectives favorables que parlementaires et ministres partent en vacances, et que s’ouvre la traditionnelle « trêve des confiseurs » au cours de laquelle, de mémoire de vieux parlementaire, il ne se passe jamais rien de fâcheux pour le Gouvernement. Et voie: que M. Chautemps, revenant d'une courte excursion aux sports d’hiver, trouve à son retour la situation la plus troubleu, la plus malsaine et la plus menaçante qui puisse être créée à un président du Conseil. La « trêve des confiseurs » se transforme en une affreuse bagarre où la confiance de l’opinion publique, déjà sérieusement entamée par tant de pillages de l’épargne, risque d'être plus gravement frappée que jamais, où sombrent des ré pu tâtions d’hommes politiques notoires, ou s’agitent tumultueusement les partis et leurs chefs dans une exploitation instinctive d’un scandale déconcertant. Voilà sous quels auspice commence l’année politique 1934, alors que la conclusion de 1933 paraissait autoriser des espoirs de détente et d’assainissement d'atmosphère, alors que par ailleurs tant de graves problêmes, tant de complexes questions tech.ripm»uront en suspend dont on...