Extrait du journal

L'éloquent orateur du centre n'affirma pas seulement ainsi la conviction qui s'imposait à un esprit réfléchi et à une pensée trop haute pour ne point percevoir les formes nouvelles qui correspondaient à l'indépendance nécessaire du sentiment religieux et aux devoirs d'une ̃démocratie soucieuse de ne protéger, de ne reconnaître, de n'exprimer que la foi en la Raison qui contient et domine toutes les manifestations du progrès humain. Il n'entendit pas revendiquer uni principe en quelques mots de philosophe hautain qui sauvegarde sa réputation. Certes, il précisa que l'heure, n'était pas venue de dénoncei un, pacte séculaire qui pouvait se prolonger quelques années et il insista sur l'effort de sagesse, de réflexion, d'équité que coin portait une réforme aussi grave et aussi complexe. Il évoqua l'inopportunité des circonstances et les passions des hommes. Puis, toutes ces réserves formulées en des accents mélancoliques, il donna à la loi sa collaboration vigilante et toute la sagesse craintive d'une longue carrière dont les déceptions et les échecs marquèrent les grandes étapes. Durant quatre mois d'un débat historique, M. Ribot put se convaincre chaque jour qu'il s'était mépris sur les conditions dans lesquelles la Chambre aborclail le redoutable problème. C'est à pei-. ne si l'irritation légitime des provocations de l'Eglise romaine, si les ressentiments d'une hostilité implacable, haineuse, tantôt brutale, tantôt perfide, toujours cruelle, apparaissaient parfois à la surface d'une discussion où les orateurs mettaient toute la sincérité de leur conscience et toute la dignité de leur pensée. Un hommage unanime et dont M. Ribot s'est fait lui-même plusieurs fois: l'interprète le mieux qualifié a été rendu par tous les hommes de tous les partis à cette magnifique élévation d'esprit du rapporteur qui a sauvé la réforme en assurant sa sérénité et sa grandeur. Et M. Ribot a eu la fortune de traduire en des amendements des objections assez fortes au texte initial de la commission pour que les plus larges Concessions aient été accordées à ses préoccupations essentielles. Notre ami 'Aristide Briand a été entendu et compris de la majorité lorsqu'il a conjuré les libres penseurs et les anticléricaux de la gauche et de l'extrême gauche d'élaborer une .loi acceptable pour tous les catholiques et revêtue de la signature de tous les républicains. C'est l'acte de plus admirable sagesse et de plus profonde politique des législatures de la troisième République....