Extrait du journal

M. de Mun reprend dans Y Echo de Paris:, .après une assez longue interruption, sa brillante série: d'articles sur la crise orientale.. Vraiment, dans son article d'hier, il y a un changement de ton très marqué peut-être même un changement de direction. Jusqu'ici il n'avait d'autre politique que .d'aller à fond contre la Turquie. Il avait trouvé presque trop discret le discours de M. Poincaré à la Chambre. Il avait applaudi passionnementau discours que, le même jour, M. Poincaré prononçait au Sénat il exultait des victoires des Balkaniques, il ne se bornait pas à réclamer les justes et nécessaires garanties pour, les populations chrétiennes, il saluait dans l'humiliation de la Turquie une humiliation du germanisme, et on eût dit qu'un formidable avènement des Slaves réjouissait à la fois son cœur de 'Français et son âme de chrétien. Maintenant, la note est tout autre, il ^regrette, la pression au moins inopportune et maladroite que les puissances européennes ont exercée sur la Turquie; iil écrit, parlant des Jeunes-Turcs revenus au pouvoir « L'agitation croissante des hommes de parti qui cherchaient avec une singulière audace une •revanche politique dans le désastre national n'était depuis longtemps un mystère pour personne je crains que l'Eu-rope, par son intervention directe, ne leur ait rendu la tâche trop facile. La Turquie, en effet, se trouvait, par la note collective, réduite à une affreuse extrémité. Mais ses soldats ont vaillamment combattu. Andrinople, la ville sainte, résiste avec une stoïque énergie. Derrière les lignes de Tchataldja l'armée fait belle contenance. L'heure était venue pourtant, malgré cette force apparente, "de consentir à la plus douloureuse des -capitulations. L'Europe l'exigeait, le patriotisme le conseillait, la nécessité l'ordonnait. L'arrêt, il., faut l'avouer, était cruel. Pouvait-on 'croire qu'il serait subi sans 'révolte ? » D'où vient ce langage, comment expliquer cette sorte de pitié soudaine, et même de respect, pour le vaincu, si durement traité jusque-là ? Ce n'est certes point sympathie pour la nouvelle révolution turque que M. de Mun condamne comme toute « révolution devant l'ennemi » M. de Mun a-t-il perçu le péril que ferait courir à la France la. disparition de la Turquie d'Europe et •l'inévitable partage de la Turquie d'Asie qui en serait la suite; mais ce sont des périls qui auraient dû le frapper, il y a quelques semaines déjà. S'inquiète-t-il des desseins mystérieux de la Russie ? On pourrait le croire, car les...