Extrait du journal

PARIS, 23 OCTOBRE. Il paraît que les attaques réitérées de la presse anglaise ont blessé au vit le cabinet doctrinaire ; il avait affecté pendant longtemps de n’y opposer qu’une dédaigneuse indifférence, et les reproches, les récriminations multipliées sur sa conduite dans les affaires d’Espagne n'avaient pu arracher une réponse à nos hommes d’état, inflexibles dans leur silence. C’est en vain qu’on leur rappelait le traité de quadruple alliance et qu’on les sommait de l’exécuter; en vain leur signalait-on des faits, des circonstances qui témoignaient de leur peu de loyauté, de leur mauvais vouloir à l’égard de l’Espagne ; on accumulait les preuves de cette négligence volontaire qui fermait les yeux sur les envois de munitions destinées aux troupes de don Carlos ; on attestait les articles stratégiques de la principale feuille du cabinet, confidente intime de la pensée ministérielle, et la partialité toute nouvelle qui proclamait les grandes victoires du prétendant, pour faire pressentir son triomphe définitif et ménager la volte-face de notre diplomatie. Toutes les plaintes, toutes les sommations étaient impuissantes devant le mutisme calculé de nos hommes d’état; ils se reposaient sans doute, pour y répondre, sur le succès qu’ils attendaient avec impatience et qu’ils avaient implicitement annoncé. La chute du gouvernement constitutionnel à Madrid devait trancher la question, terminer le procès cl donner gain de cause aux prévisions doctrinaires....