Extrait du journal

L’hommage même qu’on rendait à ses incontestables services dans le passé jetait la plus vive lumière sur la nature des dangers qu'elle présentait dans l’avenir. C’est, en effet, le vice irrémédiable de cette politique de substituer l’union indécise des personnes à l’accord réfléchi des idées, de dénaturer les programmes sous prétexte de les rapprocher, d’essayer une unité appa rente avec des lambeaux disparates, de fractionner l’autorité gouverne mentale au gré des groupes opposés et de créer l’anarchie, d’inspirer aux fonctionnaires l’indécision ou l’indif férence, de faire de l’impuissance une règle de sagesse et de l’inertie un principe de gouvernement, de finir dans la. défiance commune et dans l’amertume des récriminations réci proques. Je devine aisément les commen taires auxquels pourra donner lieu la sévérité de ce jugement. Il est certes è la fois plus agréable et plus com mode de préconiser dans une formule générale et généreuse, quoique pas toujours désintéressée, l’union des républicains. Mais à quoi sert-il de se faire illusion et prétend-on qu’un mot suffise à tenir en balance les réalités les plus évidentes ? Nous aussi, nous voulons l’union pour l’action. Mais comment agir d’un commun accord si l’on n’est d’accord ni sur le but, ni sur les moyens, ni sur les principes, ni sur les tendances. Les réticences du parti radical. Il vaut mieux voir les réalités que de se leurrer d’illusions. Qu’on le veuille ou non, qu’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, les trois dernières années de la législature ont imprimé à la situation générale une netteté toute nouvelle. Les événements supérieurs aux combinaisons personnelles, ont donné aux partis leurs cadres, leur organisation, leur physionomie. L’é quivoque n’est plus possible. Quelles que soient les réticences, nous con naissons les intentions, et la parole habile des chefs ne réussira pas à dis simuler dans un but électoral les dan gereuses réalités qui, au lendemain du scrutin, surgiraient de certains programmes. Ainsi, le parti radical n’échappera pas à ses responsabilités. Môme appelé du nom équivoque de réforme fiscale, l’impôt sur le revenu restera l’impôt sur le revenu. Même atténuée sous les espèces indécises d’une vague réforme parlementaire, la révision de la Cons titution restera la révision de la Cons1 titution. Et nous ne voulons ni de l’un, ni de l’autre.....