Extrait du journal

s’écria : Oui 1 je suis plus belle qu’elle, il faudia bien qu’il m’aime !... L’impétueuse jeune fille, dominée par l’amour-propre et la jalousie, se promit bien de mettre tout en œuvie pour supplanter Suzanne dans le cœur do l’homme qu’elle aimait, et l’aube matinale la trouva veillant encore et songeant aux moyens de séduction à employer pour arriver au but qu’elle voulait atteindre. A partir de ce jôur, Raymond devint le seul sujet de conversation entre Suzanne et Marguerite ; celle-ci, quoiqu’elle eût bien pris la résolution de cacher soigneusement à Suzanne l’amour qu’elle ressentait pour lui, ne tarissait pas en éloges sur son compte, et Suzanne souriait en l’écoutant, heu reuse d’entendre parler ainsi de celui quelle aimait, car la pauvre enfant était loin de supposer que Marguerite était sa rivale, et elle était convaincue que c’était en raison de l’amitié que lui portait cette dernière qu’elle exaltait les qualités de Ray mond. Cependant les veillées commencèrent ; elles se tenaient tantôt chez le père Bernard, tantôt ailleurs; à ces réunions, Marguerite déployait toutes les sé ductions imaginables pour attirer à elle et captiver l’attention de Raymond. Tandis que ces compa gnes travaillaient, Marguerite chantait, et c’était toujours sur l’invitation de Raymond ; les roman ces quelle choisissait étaient celles qu’il préférait, elle savait que Raymond l’écoutait avec plaisir, que le son de sa voix, "fraîche et harmonieuse, semblait...