Extrait du journal

s’habiller. La beauté est de tous les pays, mais la Parisienne seule est charmante, même quand elle n’est pas belle. A bord du Vanderbilt, on m’avait prévenu qu’il n’était pas aisé de se créer des relations à New-York. Cependant à notre époque, où l’intel ligence de l’homme a su varier à l’infini la sur face du globe, pour comprendre un pays, il faut en connaître les habitants. Mes premiers jours dans la grande cité se pas sèrent d’une façon très-uniforme. Mon mari me quittant dès le matin pour ses affaires, je m’ha billais, je déjeunais et je flânais ensuite jusqu’à l’heure du dîner. Rien de plus grave et de plus co mique à la fois que notre table d’hôte. Au bruit du gong, nous nous rendions dans la salle à manger ; on prend place, el puis on mange avec un sérieux effrayant, personne ne parle ; les gens de connais sance vous saluent d’un air lugubre, les domesti ques, commandés par un maître d’hôtel, exécu tent de véritables évolutions au son d'un sifflet. Le sifflet les appelle à la cuisine, ils s’en vont en semble, au pas militaire. — Second coup de sifflet, — ils reparaissent et se mettent en rang derrière les convives, et au troisième coup seule ment, ils posent les plats sur la table. Les assiettes des hôtes américains se chargent d’un amalgame culinaire fort curieux. Permettez-moi d’en faire le récit photographique ! « Un récit photographique, quelle expression baroque, elle n’est pas même française, » allez-vous me dire ! Ne vient-on pas d’inventer la sculpture photographique? Qu’il me soit donc permis de trouver un mode nouveau pour s’exprimer avec la plus scrupuleuse exactitude....