Extrait du journal

QUAND LES FANAUX S’ALUifAENI La nuit surlesquais L’ivrogne, le veilleur et les rats Le Havre, janvier. Les fanaux s’allument sur les jetées; aux écluses, au bout de chaque mât, dans les mille écailles que le vent fait luire sur l’eau noire du port. . ; . ' Sur. les ponts des cargos à quai; un peu de jour résiste encore, mais il y a longtemps que la nuit est entré© dans les entrepôts et qu’elle noie, sous les hangars, l’amas informe dufret qu’on charge et qu’on décharge. A présent c’est le tour du quai. Il s'en lise dans l’ombre, entre les murailles de briques et les murailles de fer, en tre lés hangars et les coques nues des navires allèges. On ne distingue plus qu’à peine les camions, les bennes, les fûts, les caisses. On bute dans Ira amarrés. Le ciel -éteint mire sës aidieux dans les flaques d’eau. La nuit, froide et salée, avale tout. Les débardeurs sont à bout. G’est d’une voix lasse qu’ils énoncent les marques inscrites sur les ballots qui les écrasent : Les G. B., où que c'est ? Un homme qu’on ne voit pas ré* pond: • — G. B. ? Par ici !... Encore quelques, pas et le sac s’éçrase sur le sol, contre butas où il rejoint les autres sacs dé son espèce. Le débardeur repart ; il va chercher sa dernière charge. Il y en a.de vieux, encore solides. Celui-ci a été intendant aux vivres, chef de cuisine, aide-cuisinier, garçon de cabine sur les transat'. Mais *1 bu vait en voyage ; il descendait à terre sans permission ; il oubliait dé rentrer à bord et le bateau repartait sans lui. Rentré en France, ses amendes payées,' il ne lui restait pas de quoi faire Ta bringue. Comme un paria, il regar*...