Extrait du journal

Vous aurez beau faire, modernes rêveurs, ce n’est pas votre hôtel de ville, ce n’est pas votre palais scolaire que chercheront les regards du voyageur revenant à ses foyers, du jeune soldat libéré du service. C’est le clocher, ce cher clocher qu’il tâche de découvrir làbas, au milieu des brouillards du matin, c’est le clocher qui enfin se détache à l’horizon, qui montre sa flèche ardoisée toute brillante des feux du soleil levant et qui semble monter dans l'azur du ciel. Le vole bien comme il le voyait il y a cinq ans. Son cœur bat à son aspect, le clocher lui parle. Il lui parle encore plus fort et plus tendrement quand il élève sa voix si connue, quand Y Angélus du matin tinte doucement. Là-bas, se dit le voyageur, aux sons de ma petite cloche, se rouvrent les yeux de ceux que j’aime, de ceux qui attendent mon retour, qui sont impatients de me revoir. Ils se demandent si ce jour qui commence va me ramener enfui au village, si YAngelu.s du soir sonnera avant qu’ils ne m’aient embrassé....