Extrait du journal

La politique générale vient renforcer la situation personnelle de M. GrispiIci, je serai franc, car il est nécessaire de dire toute la vérité. Je suis persuadé, absolument persuadé que la France républicaine et une partie de la France conservatrice sont coupables de faire le jeu de M. Grispi, l’ennemi irréconciliable de notre pays. Sauf de rares exceptions, les hommes d’Etat républicains n'ont pas compris la portée internationale de la question romaine et son prolongement dans les rapports entre les puissances. Les représentants les plus autorisés do notre influence et de notre intérêt national ont laissé passer toutes les occasions de faire échec au gouvernement italien. Je cite un exemple utopique : Quand, il y a deux ans, la réconciliation entre l’Italie officielle et le Vatican préoccupait toute l’Europe et toute la Péninsule, qui a pris l’attitude la moins habile et la plus raide? Pendant que toute la presse européenne, les journaux de Vienne et de Berlin en tête, ont appuyé l’idée d’une entente, un seul journal républicain a-t-il affirmé une sympathie ? N’y a-t-il pas eu un mot d’ordre, jusque dans certains journaux conservateurs, de combattre cette évolution, comme contraire aux intérêts français? On sait la suite. M. Depretis,> M. Grispi et M. de Robilant, qui suivaient les mouvements de l’opinion publique en Europe, se sont dit que, seule, la France s’opposait à une issue du débat pontifical et, comme la question romaine constitue le fond même de toute la politique italienne, les ministres ont conclu de ce parallélisme entre l’attitude de la France et de l'Europe centrale que la Consulta n'aurait jamais rien à craindre de la diplomatie française et que, par conséquent, on devait se jeter dans le giron protecteur de la triple alliance, puisque de Vienne et de Berlin seuls pouvaient venir les menaces et les périls....