Extrait du journal

On noua parle fréquemment de notre l*çhe continentale. Quelle signification donne t on à cette expression ? Veut-on dire par là que nous devons engager une guerre pour reprendre l'Alsace et la Lorraine, ou tenter la fortune pour arrondir nos frontières du Nord et de l'Est Si telle doit être notre tâche continentale, l'on avouera qu'elle est singulièrement périlleuse et que la conquête du Maroc, dont les difficultés sont à dessein exagérées, ne serait à côté d'elle qu'un jeu d'enfant. Si, au contraire, cotre tache continentale doit être limitée à ta question toujours pendante et expectante d'Alsace-Lorraine, je ne vois pas alurs en quoi la conquête du Maroc pourrait nous en détourner. En effet, en mettant les choses au pis, et en admettant que les circonstances nous forcent IL marcher sur Taza et sur Fès, nous n'immobiliserions là que vingt-cinq mille hommes tout au plus, le chiffre de cent mille hommes annoncé par les adversaires de la politique marocaine étant notoirement erroné. Or, il est difficile d'admettre que ces vingt cinq mille hommes mettront en péril notre tâche continentale. Enfin, notre frontière de l'Est aerait-elle gardée avec moins de vigilance si nous occupions En vérité, tous les arguments mis en avant pour nous détourner de l'œuvre marocaine sont bien pauvres en face de la grande nécessité nationale, qui nous pousse vers l'empire du Maghreb. Jamais, je crois, pour notre pays. question ne s'est posée d'une façon plus impérieuse, ni plus élevée. Il ¡(agit de savoir si, oui ou non, nous voulons acquérir, dans l'Afrique du Nord, une prépondérance absolue et faire des immenses territoires, qui vont des confins de la Tripolitaine aux régions de la Mauritanie, un empire admirable, voisin de notre pays, où notre race pourra se ré gtuérer, durer et lutter contre la marée montante des Slaves, des Germains et des Anglo Saxons. Si oui, c'est-à-dire si nous sommes résolus à rester une puissance de premier rang, il est indispensable que nous prenions sans retard position au Maroc. Il était non moins indispensable de faire admettre en Europe que nous ne tolérerions qu'aucune puissauce ne prttau Maroc cette situation prépondérante. Aussi quand je vois critiquer amèrement par ccrtaines personnes l'accord franco anglais du 8 avril et traiter de dérisoire la cause relative au Maroc, qui non seulement recounait d une façon formelle nos droits au Maroc, mais encore nous assure les bons offices de la diplomatte britannique Ireur .les faire prévaloir, je me dis avec mélancolie que beaucoup d'entre nous font preuve d'une trop évideute mauvaise foi ou d une trop grande ignorance de nos iuté reis les plus vitaux....