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L’Ouest-Éclair, 15 mai 1918

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L’Ouest-Éclair
15 mai 1918


Extrait du journal

Voici qu'on reparle de la Société des Nations. Notre collaborateur P.-O. Dolbert a fait agréablement ressortir, hier, la naiveté des conceptions auxquelles se sont arrêtés les membres de la Ligue des Droits de l'Homme, pour qui ce n'est point la paix qui fera la Société des Nations, c'est la Société des Nations qui doit faite la paix Quel enfantillage Le plus fort est que ces incorrigibles rêveurs retournent à ceux qui ne les suivent pas le reproche de naïveté. A leur sens, nous ne voyons pas la marche de la vie de l'humanité dans ses stades successifs. La philosophie de l'histoire et le réalisme des événements nous demeurent étrangers. Avec une aisance parfaite, quand ils analysent leurs systèmes, ils concluent que la vie internationale, conséquence de la vie nationale, n'est autre que le prolongement de celle-ci, selon un axe de même plan, selon une logique de domaine identique, et ils professent que l'établissement de la Société des Nations ne postule rien autre chose que l'abandon, pour chaque nation, d'une part de sa souveraineté. Etablissez entre les nations un régime de concessions mutuelles, et vous avez la République Universelle. Comme c'est simple Comment n'avons-nous pas encore compris Et quelle infirmité est donc la nôtre 1 Hélas 1 elle est vieille comme le monde, elle a l'âge de l'Histoire, l'idée de la Société des Nations. Elle est contemporaine des premières guerres de la Grèce antique. La Société des Nations s'appelait alors Amphictyonie, substantif harmonieux qui veut dire Réunion des peuples voisins Douze peuples, grands et petits, faisaient partie de l'Amphictyonie. L'Assemblée se réunissait deux fois l'an, au printemps et à l'automne, à Delphes, sanctuaire d'Apollon. Eschine nous a transmis le serment des délégués. Ils s'enâageaient il ne détruire aucune ville amphictyonique, à n'intercepter les eaux potables ni dans la guerre ni dans la paix, et, si quelque peuple transgressait ces obligations, à marcher contre lui et à détruire ses villes L'engagement était-il garanti par une gendarmerie interalliée Non point. Il l'était seulement par une imprécation, à la vérité terrible Si quelqu'un, soit ville, soit simple particulier, soit nation, contrevient à ce serment, qu'on le dévoue à Apollon, Artémis, Latone et Athéné Pronaia. Que leurs terres ne produisent aoatm fnttt. Que leurs femmes n'accouchent point d'enfants qai reseembieat à leurs pères, mais de monstres. Qu'ils aient toujours la dessons, et d la guerre, et dans les procès, et dans les délibérations publiques. Qu'Us soient entièrement exterminés, eux, leurs maisons et leur race 1 » Effroyable évidemment, mais platonique avant Platon. Aussi Démosthène fait-il observer quelque part que les décisions amphictyoniques restaient lettre morte toutes les fois qu'un peuple puissant n'avait pas intérêt à les faire exécuter. L'Amphictyonie était, dès lors, réduite à 1' état d'ombre A...

À propos

Fondé en 1899 à Rennes, L’Ouest-Éclair était un quotidien régional français dont l’influence prospérait sur toute la région Bretagne, jusqu’en Vendée. Il sera remplacé par Ouest-France à la Libération, en 1944.

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