Extrait du journal

Dans les centres industriels, on constate une poussée révolutionnaire. La classe ouvrière a décidément et définitivement abandonné les radicaux. Elle est tout rntière socialiste et communiste, exceplion faite de ceux de ses éléments qui ont échappé aux influences démagogiques parce qu'ils ont trouvé dans les fortes doctrines du christianisme social et dans les cadres d'un syndicalisme, vraiment professionnel. la solidité des convictions est la sécurité de l'organisation. Mais les vastes agglomérations urbaines, terrain de culture des propagandistes de la révolution, pèsent peu de chose en comparaison de cette masse paysanne qui constitue le réservoir profond des énergies nationales et dont l'esprit pratique, le bon sens natif et la prudente méfiance accueillent sans enthousiasme les chimères du socialisme. L'homme des campagnes, l'homme du « pays Il, le « paysan » se rend bien compte qu'à l'heure présente. Morts' traversons une crise politique et sociale, et. comme tout le monde, il en est inquiet. Mais il ne veut pas, quels que soient ses griefs contre un ordre de choses imparfait et dont il désire la réforme, se lancer dans l'inconnu. Il regarde, il écoute, il attend, et il réfléchit. Et c'est ainsi que la vague révolutionnaire est venue se briser, une fois de plus, contre le réalisme patient de l'électeur rural. Il n'en reste pas moins que la consultation des 3 et 10 mai derniers, si elle ne doit pas être interprétée comme signifiant, dans l'ensemble du pays, un triomphe décisif du cartel des gauches interdisant à ses adversaires tout espoir de revanche, indique cependant un état de méfiance, ou du moins, d'incertitude, à l'égard de l'opposition. La partie reste indécise. Les erreurs, les fautes, et jusqu'aux reniements les plus cyniques du cartel, qui avait tout promis et qui n'a rien tenu, n'ont pas soulevé contre lui le mouvement de protestation que l'on attendait. Le mécontentement général est certain mais l'opinion publique ne parait pas avoir da^ns les divers groupes de l'opposition la confiance qu'il faudrait pour que celle-ci eût le droit de penser que son altitude, ses critiques et son programme correspondent suffisamment aux sentiments et aux aspirations profondes de la nation....