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L’Ouest-Éclair, 20 juillet 1919

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L’Ouest-Éclair
20 juillet 1919


Extrait du journal

An dernier, moment, les dirigeants de la Confédération générale du Travail se sont ressaisis. Les politiciens socialistes qui croyaient, comme on dit, les avoir mis dans leur poche, subissent ainsi un échec retentissant Et sans doute, dans leur manifeste, les fonctionnaires de la C. G. T. s'ingénient de leur mieux à sauver la face, arguant, pour expliquer leur décision de surseoir il. la grève, du vote de .blâme infligé par la Chambre au ministre du Ravitaillement et feignant de croire que la campagne des journaux révolutionnaires en faveur de l'amnistie et d'une démobilisation immédiate, sont pour quelque chose dans les mesures prises, à cet égard, par le gouvernement. Mais ceci est sans importance et, encore qu'une semblable prétention évoque irrésistiblement le souvenir de la mouche du coche, nous ne chicanerons pas làdessus M. Jouhaux et ses compagnons. Au contraire, nous leur saurons gré, queues que soient lea formules où leur amour-propre se réfugie, d'avoir enfin compris que l'affaire où ila s'étaient d'abord si impradeiranent engagés, ne pouvait être qu'une mauvaise affairai Mauvaise affaire pour la classe ouvrière, qu'on exposait aux juatea ressentiments de la nation lassée et éeasnré» d'ane agitation trop visiblement favorable à ses pires ennemis; mauvaise affaire pour le syndicalisme, qu'on détournait de sa tache professionnelle pour l'égarer dans les marécages mailing de la politique bolcheviste; mauvaise affaire pour les chefs de la C G. T. eux-mêmes, qui perdaient, du même coup, toute autorité moraie aux yeux de l'immense masse des travailleurs et ne semblaient plus être que les agents domestiqués d'un groupe de politiciens bourgeois déguisés en prolétaires et méprisés de tous les citoyens honnêtes. Volontiers nous dirions donc tout est bien qui finit bien. Mais il ne faut pas que la leçon soit perdue. Elle comporte plus d'une réflexion. La classe ouvrière elle-même à dû se rendre compte de la désinvolture avec laquelle'on prétendait l'enrôler au service d'un parti dont les chefs ne se cachent plus d'être les amis de nos ennemis. Elle a dû voir que ce parti ne la considère que comme un instrument de ses ambitions et de ses haines,et qu'il ne la flagorne si bassement que pour la mieux berner. Les vrais amis du peuple ne sont pas ceux qui excitent ses appétits et ses colères, quittes à l'abandonner à l'heure critique où leurs excitations, en déchaînant des troubles, provoqueront forcément une répression rigoureuse, mais les hommes loyaux et courageux qui savent dire à la foule la vérité, même déplaisante, et au besoin lui tenir tête. Cette fois, l'instinct populaire a été clairvoyant comme il fallait. Il a opposé aux manvais bergers Il qui cherchaient à l'entralner dans la voie des catastrophes, une résistance croissante qui a fini par les acculer il. l'impuissance. Il n'est pas douteux que. dans l'ensemble, la classe ouvrière a nettement marqué sa volonté de ne pas laisser la politique envahir ses organisations corporatives et en dénaturer le caractère. Il était temps pour la C G. T. de e'en apercevoir. Si elle avait passé outre, elle n'eût pas été suivie. C'est d'un bon augure pour l'avenir de notre prolétariat et pour le triomphe de tout ce qu'il y a de juste dans ses revendications....

À propos

Fondé en 1899 à Rennes, L’Ouest-Éclair était un quotidien régional français dont l’influence prospérait sur toute la région Bretagne, jusqu’en Vendée. Il sera remplacé par Ouest-France à la Libération, en 1944.

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