Extrait du journal

M. Eden jette sans ambages pardessus bord la politique des sanctions. Il ne la désavoue pas, il ne la regrette pas. M. Mussolini voudrait que l'Europe reconnut que l'agresseur fut le Négus. Comme dans le proverbe « C'est le lapin qui a commencé Et c'est justice de le mettre en gibelote M. Eden ne s'abaisse pas à quelque indigne palinodie. C'est un fait que la politique des sanctions a échoué, que la guerre est terminée par la disparition de l'un des deux belligérants M. Eden le dit avec simplicité. Nous ajouterons, nous, que les sanctions ont échoué parce que l'Angleterr" a commis une erreur sur la durée de la guerre. On croyait méme dans l'état-major italien que la guerre durerait deux ans, que les sanctions auraient le temps de jouer pendant que sévirait la saison des pluies. Il y a eu erreur. Il y a maldonne. M. Eden le confesse. L'Angleterre met fin aux sanctions et la France fait comme elle un peu tard. Voilà l'Ethiopie et le Négus passés au secona plan dans les préoccupations britanniques. C'est pour sa puissance dans la Méditerranée, pour la sécurité de la route des Indes et de l'Egypte que l'Angleterre est inquiète. L'Abyssinie n'a de valeur que parce qu'elle domine la route des Indes. On est obligé de renoncer à sauver l'Ethiopie parce qu'il faudrait, pour y réussir, une guerre européenne. Mais on ne saurait renoncer à la suprématie militaire de la Grande-Bretagne dans la Méditerranée. De ce problème capital, M. Eden ne dit qu'un mot, mais singulièrement précis et net « Dans la Méditerranée, l'Angleterre est résolue à occuper en permanence une position plus forte que par le passé. »...