PRÉCÉDENT

L’Univers, 5 septembre 1870

SUIVANT

URL invalide

L’Univers
5 septembre 1870


Extrait du journal

Le péril grandit et les humiliations s'accumulent. Une capitulation de quarante mille hommes! Ce coup.est le plus amer. Le sang françaiss'écouié plus acre par cette blessure plus" imprévus. Avant de condamner le gé néral qui a signé la capitulation, la conscience, a besoin de savoir quels faits l'ont pu plier à cette nécessité désastreuse ; mais avant de connaître les faits, elle ne peut pas non plus l'absoudre. Napoléon, l'homme de guerre, disait qu'il faut fusiller le général qui à osé capituler. S'il avait ait qu'il faut le mettre en jugement, il eût proclamé l'une des lois les plus nécessaires à l'honneur des armées et à la défense des nations; Maintenant, l'ennemi approche plus redoutable. Les murs de Paris le ver-' ront. Il faudra subir l'insolence de cette visite. En un mois nous en sommes-là. In un mois ! la France ! !... Nous espérons que nos cœurs seront plus fermes encore que nos murs; qu'ils resteront debout sur nos murs" même abattus. En dépit de tous les revers et du dernier revers; que la ré sistance de Paris soit, la victoire de l'âme de la France! Si nous le voulons, cette victoire est assurée. C'est elle qui frappera l'ennemi de terreur; c'est -elle qui remplira de sang nouveau les veines taries, qui sera la* première étape sur Berlin, ou plutôt sur le prussianisme. J3ue Paris se défende noblement, que la* courtisane redevienne une matrone digne d'enfanter encore des héros! Il fut pardonné à l'Adultère, parce que nul n'était sans péché, et parce qu'elle n'entreprit point de justifier son crime. Elle resta à genoux, sous les insultes des pharisiens ; et Celui qui apportait la miséricorde eut pitié d'elle. Son époux put la reprendre, elle -put avoir des fils. Que la courtisane donc et l'adultère, se relève devant Dieu et devant la terre. Qu'elle jette à l'en nemi ses joyaux, qu'elle purifie ses lj.eux de plaisir en les arrosant de sang, qu'elle en fasse une tombe glorieuse. Cette tombe contiendra la vie, et la vie en jaillira. Nous ayons péché, nous aurons été punis, frappés de Dieu, car quelle au tre main pouvait souffleter la France ? Le roi de Prusse, ce pharisien, ce . chrétien franc-maçon, invoque contre nous Dieu justicier. Il prie mieux qu'il ne pense. Il prie comme ceux que Dieu* veut abattre. Dieu entend sa priè re orgueilleuse, et s'en souviendra, et lui en demandera compte. Dieu ne nous punit que pour l'écraser comme il fit de l'Assyrien, et du Mède, et du Romain, et de tant d'autres. Ce roi croit se faire un sceptre immense. II n'est qu'une verge qui sera brisée. Quand Dieu a frappé, il brise le bâton. Dût-il être brisé sur nos épaules, ce bâton que nous avons fourni nous-mê mes et que nous cultivons depuis un siècle, il sera broyé. La Prusse, pour notre châtiment, pourra voir Dieu fi dèle en toutes ses menaces. Pour son châtiment à elle,, nous le trouverons fidèle en toutes ses. ^promesses. Plus sera prompt notre repentir, plus sera prompte sa vengeance. Mais il faut des vertus, il faut être chrétien. Quand nous aurons retrouvé Dieu, alors nous retrouverons la pa trie. Alors nous serons la France, la grande France, la grande fille aînée, armée de son épée superbe pour pro téger les pauvres de Dieu, pour déli vrer ceux que le monde opprime et veut dépouiller de Jésus-Christ. Aux approches des catastrophes de 1848, on cherchait un sauveur. Le ma réchal Bugeaud disait : « L'homme qui nous sauvera fume en ce mo ment sa pipe dans un bivouac de l'Alférie. » Non,^l'homme n'était pas là. t sans vouloir méconnaître tant de braves soldats, généralement plus sa ges et meilleurs que nos gens, de lanJjue et de papiers, et qui ont mieux ait leur devoir, on a trop vu que la force nécessaire ne viendrait pas d'un bivçmac. Elle n'en est pas!; venue et n'en viendra pas. Ét enfin si l'homme est là, il n'y est pas tel que le bon ma réchal Bugeaud le voyait et l'attendait. Si c'est un seul homme et un homme d'épée que Dieu veut employer, alors ce ne sera plus le soldat honnête et borné que le monde connaît depuis longtemps, disciple encore soumis des avocats et des philosophes même lorsqu'il leur a imposé silence, leur laissant bientôt piller et dévorer le bu tin de l'épée et l'épée elle-même. Ce sera le soldat des Croisades, celui qui a, comme Clovis, vu le sang cou ler des plaies du Crucifix, et^ qui a senti frémir son épée : « Que n'étais-jc là avec mes Francs ! » Quand viendra-t-il cet homme de la vraie race ? Quand paraîtra-t-il dans le monde éton né d'être devenu prussien? Et le monde aura tort de s'étonner, car on ne de vient pas arien ni prussien sans l'avoir voulu, sans y avoir travaillé et sans l'avoir mérité. Il viendra cependant. Il surgira de ce sang français sacré par tant de gran des choses accomplies, sacré pour de plus grandes qui restent à accomplir. Au milieu de cette apostasie quasi gé nérale des peuples, couronnement de l'hérésie du seizième siècle, la Francs est cependant restée çàtho-...

À propos

Fondé en 1833 puis suspsendu en 1860, L'Univers réapparaît sous le Second Empire, toujours sous la direction du même homme, Louis Veuillot. Au début de la Troisième République, il est le journal catholique le plus lu en France. Ultramontain et farouchement conservateur, le titre affiche le plus grand mépris pour les républicains, de même que pour les catholiques libéraux. Il cessera de paraître au commencement de la Première Guerre mondiale, avant de tenter une relance en 1917 qui s'achèvera sur un échec : le journal disparaîtra définitivement en 1919.

En savoir plus
Données de classification
  • guerre
  • trochu
  • gambetta
  • mac-mahon
  • jérôme david
  • j. favre
  • bugeaud
  • bazaine
  • crémieux
  • tachard
  • france
  • paris
  • chambre
  • cham
  • rome
  • concorde
  • rivoli
  • metz
  • mézières
  • la loire
  • sénat
  • vive la république
  • union