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L’Univers, 11 avril 1900

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L’Univers
11 avril 1900


Extrait du journal

PAROLES DE MOURANTS La mort est l'acte le plus important de la vie ; par elle on sort de ce qui passe pour entrer dans ce qui demeure. D'où je conclus que dans la mort plus encore que dans la vie doivent se manifester la grandeur et la vérité du christianisme. A ce moment solennel, le respect huniain se tait ; sauf les âmes d'histrions, nulle âme ne pose devant la mort. La lu mière du divin Juge éclaire, pénètre les replis secrets du cœur : si donc, sur les lèvres des chrétiens mourants, quelle que soit leur condition, la foi chrétienne met des paroles de paix et d'espérance, de soumission et de charité, aussi belles, plus belles parfois, chez les enfants et les illettrés que chez les plus grands par le rang ou le génie, c'est la preuve la plus touchante, la plus sensible de sa divinité. Ouvrons le livre des saintes agonies et depuis le bon larron qui, sur sa croix, fut le premier confesseur de la foi, le pre mier des élus du Nouveau Testament, jusqu'à l'enfant de quatorze ans dont les dernières paroles, à peine refroidies, m'ont inspiré ces réflexions, écoutons l'harmonie de l'amour divin sur les lè vres des mourants. Le bon larron, en entendant ce Jésus qu'on blasphémait, qu'on outrageait,pro férer cette sublime prière : a Mon père, pardonnez-leur, ils ne savent ce qu ils font », il pleure, déteste ses crimes, et, dans ce crucifié qui va mourir * il recon naît et confesse le maître de la vie et le roi du monde : « Seigneur, souvenez-vous de moi quand tous serez dans votre royaume. » La foi, l'espérance, l'amour, voilà la parole suprême de ce premier des saints, parole évangélique que tous les chrétiens à l'agonie rediront, sous des formes di verses, jusqu'à la fin des temps. Franchissons les siècles, et glanons dans notre temps et dans notre France, de la Révolution de 1789 à nos jours. Quelle moisson d'or pur, arrosée de sang, nous offre la Terreur! Voyez ce vieillard de quatre-vingts ans qui gravit les marches de l'échafaud. C'est le maréchal de Noailles. Presque devant le couperet de la guillotine, il ré sume sa vie et sa foi par cette parole hé roïque : a A seize ans, je montais à l'as saut pour mon roi ; à quatre-vingts ans, je monte à l'échafaud pour mon Dieu. Mon sort est digne d'envie. » Et cette jeune femme, la vicomtesse de Noailles, sa proche parente, conduite au supplice entre sa mère et sa grand-mère, sembla ble à un ange sous sa robe blanche, écoutez ce qu'elle dit les mains jointes, en mettant le pied sur la première mar che de l'échafaud, à un jeune désespéré qui blasphème et qui va mourir fo Dé...

À propos

Fondé en 1833 puis suspsendu en 1860, L'Univers réapparaît sous le Second Empire, toujours sous la direction du même homme, Louis Veuillot. Au début de la Troisième République, il est le journal catholique le plus lu en France. Ultramontain et farouchement conservateur, le titre affiche le plus grand mépris pour les républicains, de même que pour les catholiques libéraux. Il cessera de paraître au commencement de la Première Guerre mondiale, avant de tenter une relance en 1917 qui s'achèvera sur un échec : le journal disparaîtra définitivement en 1919.

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Données de classification
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