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L’Univers, 31 mai 1891

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L’Univers
31 mai 1891


Extrait du journal

devint bientôt sa vie de ménage, après son mariage avec celui qui sut le pre mier se faire agréer. La maternité même, n'eut point de prises sur cette âme étrangère, semble-t-il, à toute no tion du devoir, et dont un détail donné à l'audience permet de mesurer la dé pravation. Quand le séducteur se pré senta devant elle, c'est au sort qu'elle, s'en remit du soin de décider de sa vertu. Pile, avait dit l'ingénieur Roques en jetant une pièce de monnaie en l'air après sa première déclaration : face, avait dit celle qu'il voulait entraîner, et la monnaie ayant répondu pile, elle n'avait pas fait d'autre résis tance. Dès lors, M. Weiss devenant une gêne, il fallait le supprimer et les adultères devinrent des assassins. C'est Mme Weiss qui, sur le conseil de son complice, se chargea de tuer son mari à petites doses, en lui admi nistrant, sous couleur de remède, une liqueur empoisonnée. Si elle ne vint pas à bout de son œuvre criminelle, c'est qu'une lettre à son complice fut surprise à la poste par un employé dé voué de son mari, qui était en! dé fiance. La lettre ouverte découvrit le complot. Arrêté à Madrid, l'ingénieur Roques put échapper un moment à la surveillance des gendarmes et se tua d'un coup de fusil rapidement enlevé au râtelier du corps de garde. Pouvaitil y avoir le moindre doute sur la cul pabilité de la misérable en qui il avait trouvé, pour son crime, une aide, si complaisante? Cependant, cette fois encore, on a essayé d'ergoter, d'apitoyer l'opinion ou de plaider l'inconscience en faveur de l'accusée. A l'avanGe, et par le fait d'indiscrétions dont la justice est res ponsable, on a publié les lettres ou le journal intime de l'empoisonneuse. Or, si l'on a- surpris dans ces écrits autre chose que les mouvements cou pables d'une passion égoïste et féroce, si un jour quelque émotion s'est fait jour à propos de la mort d'une de ses enfants, c'est, elle l'a dit elle-même, que cette enfant, fruit ds l'adultère, était un lien qui la rattachait encore à son complice ; mais pas un mot de re pentir n'est sorti de ses lèvres. Toute à sa criminelle passion jusqu'au bout, c'est avec une sorte d'insolence qu'elle en publiait tous les détails, se parant jusque devant les juges de sa honte même comme d'une gloire. Naturellement, il a fallu entendre les médecins. Nymphomane, a dit l'un d'eux, et de ce mot, le défen seur a prétendu se servir pour faire déclarer sa cliente irresponsable. Mais les jurés n'ont pu s'y méprendre, et si nous ignorons où 'ils ont puisé les éléments de circonstances atténuantes, c'est certainement à bon droit qu'ils ont prononcé la condamnation à vingt ans. dont le cynique désespoir de l'accusée a fait un arrêt de mort. Il suffit de ce bref exposé pour indi quer les tristes leçons que contient ce procès, où les deux complices ont occbmpli leur serment dé ne livrer que leurs cadavres aux mains de la jus tice. Une autre figure a traversé les débats, qui a bien montré dans quel milieu se recrutent parfois les favori sées de l'administration républicaine. La receveuse des postes, dans le cabi net de laquelle a été saisie, par M. de Guerry, la lettre révélatrice, était autre chose encore. Les témoignages ont établi que, non contente d'approu ver la liaison criminelle de l'ingénieur et de la femme coupable, elle, favori sait leurs tête-à-tête par une hospi talité scandaleuse. Elle aussi, sans doute,professait les idées de Mme Weiss sur la morale laïque. On n'entend pas dire qu'elle ait été révoquée. Auguste Roussel....

À propos

Fondé en 1833 puis suspsendu en 1860, L'Univers réapparaît sous le Second Empire, toujours sous la direction du même homme, Louis Veuillot. Au début de la Troisième République, il est le journal catholique le plus lu en France. Ultramontain et farouchement conservateur, le titre affiche le plus grand mépris pour les républicains, de même que pour les catholiques libéraux. Il cessera de paraître au commencement de la Première Guerre mondiale, avant de tenter une relance en 1917 qui s'achèvera sur un échec : le journal disparaîtra définitivement en 1919.

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