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Marianne, 10 février 1937

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Marianne
10 février 1937


Extrait du journal

V Quant à la clause du traité affirmant la resrnr sabilité alternance, je ne suis pan de ceux qui estimant /u e';-j fortifiait la paix de Versailles : les traités ne sont pas des essais sur la philosophie de l'histoire, et le réarmement du Reich me préoccupe bien davantage que la rature du préambule wilsonien. On aurait tort, pourtant, de négliger cette partie du discours au Reichstag, sous prétexte qu'elle est sans importance pratique; le Führer a fait, dans sa revendication de l'égalité des droits, un peu ce qu'on fait en procédure pour éviter la prescription : il tient à ce que chacun de ses discours ou de ses actes rapproche l'Allemagne du but final et, au moment même où il récapitulait devant le Reichstag les étapes déjà franchies, il a voulu, du moins pour le principe, en franchir une nouvelle, en annonçant dès maintenant que sa prochaine revendication porterait sur la restitution des colonies. Dans le discours de Berlin, ce passage est, à nos yeux, celui dont la portée immédiate est la plus grande. C'est, en effet, la première fois que M. Hitler exprime personnellement une revendication coloniale. Longtemps, il avait paru hostile à l'acquisition de territoires d'outre-mer, et sa position à cet égard était la même que celle de Bismarck. Voici qu'il évolue comme jadis le chancelier de fer. Mais les conditions ne sont plus les mêmes : il n'y a plus aujourd'hui de pays barbares ou semi-barbares qui puissent être l'objet d'une entreprise de colonisation. La revendication coloniale de l'Allemagne ne peut donc prendre que deux formes : ou bien un arrangement avec une puissance qui céderait une colonie, ou bien la revendication des colonies perdues à Versailles. L'Allemagne a paru songer d'abord à la première solution ; malgré tous les démentis, il semble bien qu'il y ait eu des sondages auprès du Portugal à propos de l'Angola — mais, maintenant, c'est bien vers la seconde voie que le Reich se dirige, et sa revendication vise empressement les territoires qui appartenaient, en 1914, à l'Allemagne....

À propos

Marianne fut un journal politique et littéraire illustré sur une douzaine de pages, qui, malgré un succès limité, eut une influence notable dans les milieux intellectuels. Les photomontages politiques de Marinus en une devinrent son signe distinctif. Cet hebdomadaire de gauche modéré est souvent présenté comme le journal de l’élite intellectuelle française et étrangère. Lancée par l'éditeur Gaston Gallimard en 1932, Marianne fut dans les années 1930 une tribune de nombre d’artistes.

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