Extrait du journal

ce que valent tes sanctions I! paraît à peu près certain, que l’embargo #ur le pétrole ne sera pas décidé à Genève. D'une part, le Congrès américain paraît de plus en plus décidé à refuser au Président le droit d’interdire l'expédition aux belligérants de ce qu’ils demandent, à Vexception des armes, dont la fabrication est inexistante aux Etats-Unis. M. B. Moore, dont la compétence en droit international s’impose en Amérique, a disséqué et mis en miettes le projet et l’a qualifié de tentative de suicide contre le commerce de son pays. D autre part, le Gouvernement anglais a donné à ses représentants dans l’assemblée des Nations, des instructions formelles pour que le rapport rela tif au pétrole ne contienne rien qui ressemble à une proposition. Dans quelle mesure les avis anglais ont été suivis, il n’est que de lire les extraits publiés pour s’en rendre • compte : 1 ’ Italie a stocké du pétrole pour six mois. L embargo ne serait efficace que s’il était universel et la contrebande est impossible à dépister, foute interdiction d utiliser pour T Italie la flotte pétrolière, mènerait à un blocus dont personne ne veut. D’où vient ce rapide revirement de la Grande-Bretagne ? D abord M. Mussolini a déclaré net qu’il répondrait à ! embargo en s’en prenant à la flotte anglaise. L Amirauté, qui se sait pratiquement sans aviation moderne, qui sait sa flotte fatiguée par six mois de croisière, a trouvé la partie mauvaise à engager. Ensuite, les sanctions en général commencent à avoir mauvaise presse. Surtout comme inefficaces. Quantité de pays sont restés en dehors : l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie, la plus grande partie de l’Amérique du Sud et partiellement les Etats-Unis. Par ces fissures tout passe. Voulez-vous des exemples ? L’Italie vient de passer en Allemagne une commande de 315.000 paires de chaussures, payables en fruits. Le Brésil fournit au corps expéditionnaire tout le « frigo » dont ce dernier a besoin. Le Brésil paye ainsi par avance une commande de trois torpilleurs en construction pour son compte dans les chantiers de la Spezia. Et de même pour tout le reste. Si la métropolitaine italienne est relativement rationnée, c'est qu'il faut payer cher, et que M. Mussolini ne veut pas se ruiner, ce qui est d’une sage politique. Ainsi, en partie par ce qu’elle reçoit, en partie parce qu elle s’ingénie à fabriquer, La Louve romaine est sûre d’avoir l’indispensable. Pendant ce temps-là, les pays « sanctionnâtes » voient certaines de leurs industries fermer en totalité ou en partie, leur commerce diminuer, leur chômage augmenter. Il n'est que de lire en France le$ protestations des Chambres de Com merce pour voir clair : les filatures et les dentelleries du Nord, les tissages de Lyon, toute l’industrie du Sud-Est accusent une diminution de 20 à 70 % dans leur chiffre d’affaires. En Angleterre, ce sont surtout les mineurs qui protestent contre l’arrêt des envois de charbons et l’accumulation du stock sur le carreau. Patrons et ouvriers constatent avec amertume que. depuis un an, le commerce des Etats-Unis avec T Italie a augmenté de 40 % et demandent pourquoi eux sont pendant ce temps à la diète. Et les hommes d’Etat eux-mêmes se laissent gagner à l’opinion générale. Voici M. G. Lanbury, l’ancien chef du Labour Party, qui déclare aux Communes que « les sanctions ne réalisent rien par elles-mêmes. » Voici M. Herriot, qui déclare dans la presse anglaise « qu il n’est pas un sanctionniste fanatique » et « que la Ugue des Nation? est une fois de plus sans force. » Voici qu’à Londres, Sir Samuel Hoare. le ministre anglais v limogé » par l'opinion publique, remonte à !’horizon, et que les gens informés le pres sentent comme le successeur possible du premier ministre Baldwin. France et Grande-Bretagne seront-elles logiques avec elles-mêmes ? Proposeront-elles à Genève de renoncer à un système ruineux et inefficace ? L n résultat au moins paraît certain. Les sanctions ne s'étendront à aucun autre produit, pétrole ou autre. Nous n’irons pas à la grande aventure et cela pour le bien des deux pays. Comme me le disait la semaine dernière un parlementaire anglais : M. Pierre Laval nous a rendu un fier service en nous arrêtant sur la pente où des fous voulaient nous pousser. » De NADAILLAC, député de la Nièvre. LE NOUVEL AMBASSADEUR DU REICH...