Extrait du journal

Les régiments de réserve A côté de nos régiments actifs d’infanterie, devenus de véritables squelettes depuis le départ de la classe, se sont constitués ces jours-ci des régiments nouveaux entièrement composés de réservistes. Ce sont les régi ments de réserve dont chacun porte le nu méro du corps actif correspondant augmenté du chiffre 200. Cette année, la vie militaire n’aura donc, pour ainsi dire, subi aucune interruption, puisque l’arrivée des recrues suivra de près la dislocation de ces formations de réserve. Nous avons déjà eu l'occasion de dire ici ce que nous pensons au fsujet des réservis tes : ce sont des soldats sur lesquels on peut compter, qui ont vite fait de retrouver les priîbipes de la solide instruction militaire qui leur a été inculquée. Hommes faits, ils Sont plus résistants aux fatigues et aussi plus expérimentés, plus prudents que leurs camu rades de l'active. L’âge a mûri leur caractère qu'il a fait, en quelque sorte, plus sage et même plus souple devant la discipline. Ça été longtemps et c’est même encore au jourd’hui un problème grave et difficile à ré soudre, que celui d’encadrer les formations de réserve. La rapidité de la mobilisation veut que tout soit organisé à l’avance et ne peut admettre des nominations au dernier moment. C'est pourquoi la loi du 25 juillet 1893 n’a pas hésité à doter chaque corps actif du nombre d’officiers nécessaires au régi ment de réserve correspondant. Ils consti tuent ce qu’on appelle le cadre complémen taire qui comprend : dans 72 régiments, un lieutenant-colonel et un chef de bataillon ; dans 73, deux chefs de bataillon ; enfin, dans tous, 8 capitaines et 4 lieutenants. Au besoin et à défaut d’officiers du grade supérieur, les 3 plus anciens capitaines sont désignés pour ço&mander les bataillons, les 4 plus anciens lieutenants pour commander les compagnies de réserve. Enfin chaque compagnie de l’active passe à chaque compagnie de la réserve du même numéro qu’elle un certain nombre de sousofficiers et de caporaux. Grâce à ces sages dispositions, nos régiments de réserve se raient fortement encadrés à l’aide d'éléments solides et pleins d’expérience. Mobilisés en même temps que les régiments actifs, ils constitueraient, en campagne, des brigades, des divisions commandées par des officiers généraux du cadre de la disponibilité. On voit ainsi que nos forces en temps de paix seraient de suite doublées sur le pied de guerre, triplées même, si Von faisait en outre appel à l’armée territoriale. Pourtant, la convocation de ces corps de ré serve pourrait pêcher par un côté assez sérieux pour attirer l’attention : l'absence d’une no table fraction des officiers destinés à les en cadrer qui sont remplacés par des camarades de l’active. Et ce sont précisément les com mandants de compagnie dont, les fonctions sont les plus importantes, l rôle le plus dé licat, qui font défaut. — « Pourquoi donc, avons-nous demandé ? » — Voici la réponse qui nous a été faite : Les huit capitaines du cadre complémentaire n’ayant ordinairement aucun emploi dans le régiment actif sont en grande partie détachés au-dehors ; qui dans une école, qui à l’état-major, celui-ci au mi nistère, celui-là envoyé en mission... etc.. etc... Il ne nous semble pas cependant que ce soit là un obstacle insurmontable. Les régi ments de réserve ne sont convoqués que tous les deux ans, pour une période de vingt-huit jours au plus. Y aurait-il grand mal à retirer, à des intervalles aussi éloignés et pour un temps aussi court, ces officiers des divers services auxquels ils sont affectés ? Le bon fonctionnement de ces derniers n’en serait pas entravé autrement que celui d’une mai son do commerce par exemple dont un em ployé quelconque accomplit ses vingt-huit jours. Gageons que ces serviteurs, dont le dé placement est impossible, la présence indis pensable, jouissent annuellement d’au moins trente jours do permission 1 On nous a objecté les déplacements consi dérables d’officiers en mission à l’étranger ou dans quelque autre lointaine colonie. Mais ce ne sont là que des exceptions qui, encore, ne devraient pas se présenter. En cas de mobili sation, en effet, il importe que chacun rejoi gne, en temps opportun, son poste respectif. Si cela est matériellement impossible à un officier détaché, pourquoi tarder davantage à le remplacer par un autre titulaire plus à portée ? C'est ce que conseille tout au moins une sage prévoyance. La réforme que nous réclamons aurait un double avantage.D’abord elle mettrait en con tact des hommes et des officiers appelés à faire campagne ensemble. Ils arriveraient ainsi à se mieux connaître mutuellement et à acquérir cette confiance réciproque si pré cieuse au point de vue du succès. En second lieu, elle éviterait à des camarades de l’active la corvée d’un remplacement surtout désa gréable à une époque de l’année qui est plutôt une époque de repos, durant laquelle on déli vre assez facilement de longues permissions. Au surplus, la création récente des qua trièmes bataillons doit apporter, dans nos formations de réserve, des changements ra dicaux. La nécessité, où l’on se trouve, de prendre dans celles-ci des hommes pour les compléter à l’effectif de guerre va singulière ment affaiblir les régiments de réserve. Si nous en croyons des personnes en place pour être bien informées, il en résulterait tout Ejigplement la suppression d’un régiment de résejrve sur deux. En réalité, comme chaque...