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Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, 2 septembre 1935

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Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire
2 septembre 1935


Extrait du journal

Ln casino frappé par la crise î Des jeux qui végètent faute de..., combattants ! Ln théâtre fermé faute de pouvoir faire ses frais et qu’on ne peut ouvrir, avec la certitude de le remplir, que pour un opéra extra ordinaire, ou... peur la conférence d'un moine ! C est ce que nous avons vu à Aix-les-Bains, jeudi soir, et c’est ce que 1 on peut voir ailleurs, la crise du tourisme n étant point particulière à notre ville. Seulement, pour ceux qui sont assez avancés dans la vie pour se sou venir. le fait est plus extraordinaire et plus éloquent encore. Car le temps n est point si vieux où l'entrée d’un moine, revêtu de son froc, dans un casino, eut provoqué des sourires, des lazzis et des injures. J'c me revois, jeune garçon, dans la même salle, et profondément scandalisé parce qu une partie de l’assistance avait ricané tout haut au moment ou le « Jongleur de Notre-Dame » fait sa prière sur la scène. Aujourd'hui je vois un moine, le chef des moines blancs, le Général des Dominicains, assis sur la même scène entre l’abbé de Hautecombe et le curé du lieu, et qui vient nous parler de la liberté pour les catholiques et pour les religieux, de croire, d’enseigner et de s’associer. Ce moine porte sur son froc la croix de la Légion d honneur gagnée en servant son pays. Je vois au premier rang de l’assistance, d’une assistance composée de gens de toutes nations, légions, opinions, croyances ou incroyances, un des principaux embassadeurs de la France à l’étranger et les représentants qualifiés des principales autorités de la cité. Et cette assistance vibre à la parole du moine, écho de la grande voix et du grand cœur de Lacordaire. La liberté de faire le bien dont Lacordaire s’était fait le champion, dans un siècle qui s'enflammait pour la liberté de tout faire, même le mal, si cela lui plaît ; trouve dans cette assistance un accueil ému et émouvant. Ce spectacle, je le constate à Aix, avec le Rme P. Gillet. Je le constate à Annecy, avec le P. Sanson. Je le constate ailleurs. Et quand les auditeurs sortent du théâtre, ils se voient offrir, non seulement sans surprise mais avec plaisir, sous les lumières et les ors du grand hall, les livres du moine ; des livres qui ne sont point des romans ou des thèses à scandale mais le miroir de ce qu’ont dit, il y a des siècles, saint Thomas d’Aquin et saint Albert le Grand sur les moyens pour l’homme de vivre en homme et de vivre en société. Ces livres, ils les achètent et ils les lisent. Pourquoi et que s’cst-il donc passé depuis un demi-siècle ? Que Dieu nous a envoyé dans la personne de ces religieux de grands espr ts et des orateurs puissants sur le cœur du peuple ? Sans doute mais le talent, s’il est nécessaire au succès, ne suffirait pas à l’expliquer. Les mêmes hommes n’auraient pas même pu, avant la guerre, paraître dans ces lieux. j Que s'est-il donc passé depuis ? La guerre. Il s’est pasré que ces lieux de luxe et de plaisir ont dû, entre 1914 et 1918, être transformés en lieux de misère et de douleur. Des milliers de blessés ont dormi sous ces plafonds dorés — je fus l’un d’entre eux — et des centaines y sont morts. 11 s’est passé que la France a fait appel à tous ses enfants et que les meilleurs, ceux qu’elle avait chassés pour excès de vertu, les religieux, sont revenus et que leur sang s’est révélé aussi rouge et souvent plus géné reux que le sang des autres. Il s'est passé que, la guerre des canons terminée, a commencé la guerre de la famine, du désarroi et de la démoralisation. Il s’est passé que les plus incrédules parmi les âmes de bonne volonté ont reconnu que nous manquions plus de moral que de machines, de morale que de systèmes, de vertus que de science. Alors, comme on était las des roseaux qui plient sous la rafale et ne retiennent pas l’homme emporté par le torrent de ses propres erreurs, on s’est souvenu tout à coup que les moines, comme les chênes, sont éternels et solides. On s’accroche aux chênes. Et, comme un vent très doux chante dans leurs ramures ; comme ils savent pardonner, oublier sans un reproche ; comme ils ne cherchent pas d’autre vengeance que celle de sauver leur patrie par la bonne volonté, la charité fraternelle et l’amour du Chr:st, ils reprennent au milieu de nous, avec une patience inlassable, leur tâche séculaire de résurrection et de vie. ______ Bernard SLCRL 1 ....

À propos

Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.

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