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Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, 24 avril 1895

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Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire
24 avril 1895


Extrait du journal

mane avec des présents comme par le passé ? Un fait pourtant encore plus fort. 11 y a quelques années, les ministres des di verses nations étrangères à Pékin, con sentirent à se présenter à l'audience de l’empereur dans la salle destinée à la ré ception des tributaires ! Grand fut le scandale : les journaux de Hong-Kong, indignés, demandèrent le rappel de ces personnages qui avaient laissé infliger à leur pays un semblable outrage. La cour mandchoue n’avait fait que traduire en acte les prétentions qui se sont tou jours étalées dans la Gazette impériale toutes les fois qu’on a eu à y rendre compte de quelque ambassade euro péenne ; les présents de civilité y ont toujours été donnés pour un tribut payé au Fils du Ciel, qui faisait grand hon neur en les acceptant. Et jamais on n'a exigé la suppression de ces expressions offensantes I On en rit et on laisse pas ser : la prochaine fois ce sera la même chose, et l outrecuidance chinoise ne baissera pas d ure ligne. Un jour, cependant, la mesure des pro vocations contre les Européens parut pleine. De nombreux pillages et même quelques meurtres avaient été commis dans le bassin du Fleuve Bleu ; c’était en 1891 Une démonstration eut lieu de la part des flottes de quelques nations ; un moment il s’agit de donner la parole au canon Le Fils du Ciel eut peur ; un édit parut ordonnant de liquider toutes les affaires pendantes depuis des années. Aussitôt le calme est rétabli, des indem nités sont accordées pour les récents dommages. Devant ces quelques satis factions, lce Occidentaux plus faciles à apaiser qu'à exciter, retirent leurs navi res de guerre. Comme on aurait dû s’y attendre, ce départ prématuré rendit lettre morte les promesses impériales.Soidisant, l'instruction des anciennes affai res demandait du temps ; puis, on pré tendit qu’il fallait ajourner les enquêtes, de crainte de soulever des éclats fâcheux. Finalement, les anciennes affaires furent enterrées de nouveau, et les Européens encore une fois joués. Entre temps, les Célestiaux avaient profité de l’occasion pour exercer, sous prétexte de bon vouloir, sur les établis sements des missionnaires et sur le nom bre des chrétiens une odieuse et Iracassière inquisition, tournant ainsi contre nos protégés les meilleures intentions des diplomates l Et depuis,comme avant, les ouvriers évangéliques continuent à être traités en parias, les commerçants à être tenus en suspicion, les étrangers en général à être méprisés. Toujours les Ihinois seuls appartiennent à l’espèce humaine ; le reste des hommes ne sont que des diables, Qu’on ne s'imagine pas que cette dénomination est une simple boutade : elle est au contraire la pure expression d’un suprême mépris. Dans les sphères plus cultivées, on caresse toujours l’idée d’une expulsion en masse des Européens et on appelle de tous ses vœux le lever de cet âge d’or. Pendant ce temps, des conférenciers chinois célèbrent en pleine France les progrès de leur patrie dans les sciences, dans l’art militaire sur terre et sur mer. Ils exaltent la réorganisation do leur armée dressée à l’européenne, leur belle marine composée de 98 vaisseaux de tout rang montés par 3o.ooo matelots. Ils prônent la guerrière'Mandchourie.A les entendre, la Chine, pour avoir imité l'Europe avec plus de réserve que le Jafion, n en est que plus redoutable et on a dirait en mesure de défier désormais toute attaque. Donc, plus que jamais les Chinois se larguaient de leur puissance. Des revues françaises, anglaises se faisaient l'écho de leurs vanteries. Certains livres, com me les Chinois peints par eux- mêmes par le général Tcher.g Ki Tong, les Chinois peints par un Français,par Antonini (1) naïvement accueillis par le public, avaient de bonne heure préparé l’opi nion à ajouter foi à ces affirmations. A part les hommes mis par une position exceptionnelle en contact prolongé avec la vie. intime du peuple chinois, tout le monde, même parmi les diplomates, s’était laissé berner : les nations occi dentales, devenues plus circonspectes encore, souffraient en silence les fins de non-recevoir, voire même les avanies, occupées à ne pas déplaire au colosse et à obtenir de lui de temps à autre,comme une faveur, tout au plus quelque entre prise lucrative. (A suivre.)...

À propos

Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.

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