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Mercure de France, 1 mai 1895

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Mercure de France
1 mai 1895


Extrait du journal

La renaissance romane n’est point un mou vement artificiel né d’un caprice de poètes. Qui conque a suivi d’un peu près les manifestations littéraires de ces dernières années conviendra qu’elle était inévitable. En art, les révolutions présentent l’enchainement rigoureux des saisons. Sitôt qu'elles ont donné leur fruit naturel, elles en viennent à des excès qui appellent la réaction. Ce goût nouveau, qui a fait irruption avec Moréas et ses disciples,n’a donc rien qui doive surprendre. On pourrait seulement s’étonner qu’il ne se soit pas manifesté plus tôt. On avait pu l’espérer dans la première moitié de ce siècle, alors que les vers d’André Chénier, récemment publiés, chantaient tout frais dans les mémoires, et que l’excellent critique Sainte-Beuve venait de tirer de l’oubli Ronsard et les poètes de la Pléiade. L’heure paraissait favorable. La mode s’en mêlant, tout le monde ronsardisait, jusqu’à cet écervelé de Gérard de Nerval. Il se produisit alors un remuement d’idées, un travail d’opinions qui devait créer une atmosphère favorable à l’éclosion d’un idéal nouveau, mais les esprits n’étaient pas mûrs, et ceux qui, comme Gautier, Banville, Leconte de Lisle, eurent l’intuition de...

À propos

Fondé en 1890 par l’ancienne rédaction de La Pléiade, Le Mercure de France devient sous la direction d’Alfred Vallette une autorité dans le monde littéraire et artistique. Héritier du Mercure Galant et des deux premières versions du Mercure de France, cette série moderne du journal étend son assise au travers d’une société d’édition publiant les principaux auteurs des diverses avants-gardes littéraires de l’époque. La revue paraît quant à elle jusqu’en 1965.

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Données de classification
  • andré chénier
  • moréas
  • sainte-beuve
  • ronsard
  • leconte de lisle
  • gautier
  • banville