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Mercure de France, 15 novembre 1905

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Mercure de France
15 novembre 1905


Extrait du journal

L’activité mentale dans ses différents domaines a passé, au cours du xixe siècle, de l’état inconscient à l’état conscient. L’homme s’est posé la question de méthode. Jusque-là, il s’était laissé conduire par un vague instinct dans la façon dont il a procédé dans ses recherches et ses études, et généralement ce guide de l’intelligence spontanée n’a pas été mauvais; il est même et il restera le plus sûr de tous. Si cependant on ne peut s'y fier tout à fait, c’est qu’il est sollicité sans cesse de droite et de gauche par des motifs accidentels ou étrangers à sa poursuite et qu’il lui arrive ainsi de s’égarer parfois fort loin de sa route et de n’y revenir qu’après un détour considérable. Nous en concluons qu’il est faux, en littérature comme ailleurs, de vouloir créer ou inventer des méthodes, et égale ment de s’efforcer d’appliquer la méthode d’une science à une autre — par exemple de tranposer les méthodes de recherches employées dans les sciences naturelles à la littérature. D’autre part, il est dangereux de s’abandonner absolument à une appréciation subjective des œuvres d’art, à cause de son exces sive fragilité. Ce que nous pouvons faire, et devons faire, c’est d’écarter autant que possible les éléments d’erreur qui peuvent fausser la méthode qui nous est spontanément offerte par notre intel ligence. Notre but est de signaler l’un de ces éléments perturbateurs....

À propos

Fondé en 1890 par l’ancienne rédaction de La Pléiade, Le Mercure de France devient sous la direction d’Alfred Vallette une autorité dans le monde littéraire et artistique. Héritier du Mercure Galant et des deux premières versions du Mercure de France, cette série moderne du journal étend son assise au travers d’une société d’édition publiant les principaux auteurs des diverses avants-gardes littéraires de l’époque. La revue paraît quant à elle jusqu’en 1965.

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