Extrait du journal

» Vos camarades noyés étaient-ils des saints ou des scélérats ? Je n*en sais rien, ni vous non plus. Il y avait peut-être des uns et des autres. Les pleurer serait donc une révolte, soit contre la justice, soit contre la bonté du Très-Haut. Oseriezvous donner des larmes au réprouvé que Sabaoth a frappé ou an bienheureux qui repose maintenant sur le sein de Notre-Dame d’Afrique î Tout est pour le mieux ; ne pensez plus aux morts, crainte de vous faire une mauvaise affaire avec celui qui ne plaisante jamais. » D’ailleurs, vous n’avez point à vous plaindre, au contraire. La Providence a daigné vous mettre en réserve pour l’avenir. C’est très aimable à elle. En effet, ceux d’entre vous qui doivent un jour aller en enfer, ne sont pas pressés de prendre leur feuille de route, et les recrues destinées au paradis consentent volontiers aussi à l’ajournement d\in bonheur que l’attente rendra plus vif. Vous savez cela, vous autres marins. Plus la traversée est longue, mieux on s’amuse au tenez-vous repas. » •...