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Paris, 11 septembre 1890

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Paris
11 septembre 1890


Extrait du journal

royalistes « vieux jeu » contre l’alliance boulangiste ». Vieux jeu, c’est une ex pression qui veut dire ne pas mettre un sou dans l’affaire. D'un seul mot, la duchesse d’Uzès ral lia le duc de Chartres à la politique des royalistes « fin de siècle ».— Jene donne pas seulement deux ou trois cent mille francs, je mets à la disposition du comte de Paris, pour être placés sur la carie Boulanger, trois millions. Le prince peut les accepter. Où passe le premier pair de France, le roi de France peut passer. Ici, un jeu de scène que l’auteur des Coulisses note ainsi pour les directeurs de province qui voudraient monter la pièce : « Le duc de Chartres montra une grande stupeur et une grande émotion. Il promit tout de suite d’écrire à son frère. Il le fit.» L’entrevue avec le comte de Paris n’est pas moins amusante. Le comte ne parle pas une minute du « caractère ré volutionnaire de l’entreprise », comme avait paru le craindre le duc de Char tres. L’entrée en danse des trois millions de la duchesse avait tout aplani de ce côté. On commença par causer des enga gements qu’avait pris le général Bou langer dont on fit l’éloge notamment comme homme de parole. Ces engage ments, il ne pouvait manquer de les te nir, à moins que vraiment il ne fût dé montré qu’il n’en tiendrait jamais au cun. C’étaient les derniers qu'il avait pris : c’étaient les bons. Enfin, on aborda la question délicate, la question d’argent. A peine la du chesse eut-elle parlé de l’offre qu’elle apportait, que le comte de Paris, quoi que prévenu, s’exclama, se récria, se défendit par des interjections, des : c’est impossible!... mais madame... y pensezvous?... — Si, monseigneur... C’est bien trois millions que j’apporte... Je vous supplie de me le permettre!... — Eh bien! alors, fit le comte à bout de résistance, j’accepte; mais à une con dition : c’est que je les dépenserai moimême ou que j’en ferai surveiller le placement par des hommes à moi, qui ont toute ma confiance. Je ne peux pas être en reste de politesse avec vous. Il faut que chacun y mette du sien. Vous donnez trois millions, moi je donne le Comité dont ces trois millions vont avoir besoin. Et, sans hésiter, il nomma MM. de Beauvoir, de Breieuil, de Mun, de Mar timprey, Arthur Meyer. Ces messieurs se constituèrent sous ce vocable : Comité de la Bourse de la du chesse. Un rédacteur du XIX* Siècle, qui est allé interviewer la la duchesse, lui a posé cette question bien inutile : — Le comte de Paris n’a-t-il pas versé quelque argent? Ici la duchesse hésite. Devant l’insis tance de l’interviewer, elle se décide à répondre : — Pas un sou ! Par égard pour le nom du premier pair de France qu’elle porte, elle n’a pas osé dire : — Pas un fifrelin ! Mais elle avait le mot sur la langue. M. Arthur Meyer, qui a été du Comité de la Bourse, disait avant-hier que les princes d’Orléans avaient cette fois dé...

À propos

Fondé en 1881 par Charles Laurent, Paris fut d'abord un quotidien gambettiste, avant de devenir tout simplement opportuniste. En 1888, le journal attaque avec violence le Crédit Foncier, lequel le rachète immédiatement dans le seul but de le faire taire. À la suite de quoi le directeur du journal démissionne, pour fonder Le Jour. Le nouveau directeur Raoul Cavinet, d'une moralité douteuse, sera impliqué dans les années qui suivent dans plusieurs affaires de chantage et de fraude. Il abandonnera son poste, et le titre avec lui, en 1895.

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