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Paris, 25 avril 1896

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Paris
25 avril 1896


Extrait du journal

les représentants du suffrage universel dans ces dernières semaines. Il montre avec quelle force l'opinion publique s’est manifestée durant ces quelques jours de contact avec le pays. Il se produit en ce moment, dans la démocratie, un mouve ment que les agités des intrigues réaction naires paraissent ne pas soupçonner. Il faut dire que depuis quelques années, la situation a bien changé à cet égard. Au trefois, c’étaient les manifestations de Paris qui faisaient éclater à la lumière, qui souvent même devançaient les impres sions du pays. Aujourd’hui Paris est à peine remis de la secousse du boulan gisme ; il ne manifeste plus, et ceux qui se remuent sur les boulevards, dans les bureaux de journaux, et dans l’air ren fermé du Luxembourg, croient que l'opi nion publique n'existe plus, parce qu’elle ne se révèle pas parle genre de manifes tations auquel ils étaient habitués. C’est ainsi qu’ils ont ignoré la puis sance du mouvement qui se fait dans les esprits, et qui s’est traduit par les accla mations prodiguées au ministère dans les départements. Mais ceux qui revenaient hier de chez eux avaient eu le temps de l’entrevoir, et cela a suffi pour faire les votes que l’on a vus. Il va prendre de jour en jour une force nouvelle, ce moux-ement déjà si fort; il faut compter avec cet élément dans la crise qui est ouverte, qui serait déjà résolue pour longtemps, si le ministère n’avait pas abandonné son Soste; mais qui ne semble pas près de nir, avec la situation embrouillée que la démission du cabinet a créée. Il y a un facteur nouveau dans la politique. Le pays, si las, si tristement tombé à la dernière indifférence il y a trois ans, se réveille, ou plutôt s’est réveillé. Gare à ceux qui ne voudront pas le voir! Le temps des expédients est passé. On sent, derrière soi, une opinion publique qui saura parler haut. C’est dans ces conditions que le Sénat et la Chambre sont en présence, avec deux votes contradictoires. Un compromis ne sauverait rien. On tenterait vainement de demander à des hommes effacés, dont quelques-uns se couvriraient peut-être d’une étiquette vaguement radicale, quel que combinaison équivoque qui permit d’endormir le conflit ouvert entre la poli tique de progrès et les forces de réaction. Une telle combinaison ne tiendrait pas quinze jours, et ses auteurs seraient con damnés par l’opinion dès la première heure. Non : une question est posée : il faut y répondre. Deux majorités sont en face Tune de l’autre : l’une au Luxem bourg, l’autre au Palais-Bourbon : il faut choisir. Il faut se prononcer pour l’usur pation sénatoriale ou pour les repré sentants du suffrage universel. S’il est vrai, comme le bruit en a couru, que le président de la République, troublé par les reproches de ses anciens amis, ne soit pas resté absolument étranger à la crise, il n’a pas lieu de s’en féliciter; car sa situation n’est pas rose. Il lui faut, ou faire un pas de plus dans la voie des idées représentées par les ministres dont il s’est séparé, ou prendre un rôle actif et une responsabilité directe dans l’écla tante violation des règles parlementaires les plus incontestées, dont le Sénat a pris l’initiative. C'est à lui que revient la tâche de maintenir les droits du suffrage uni versel. Imagine-t-on un président de Ré publique qui n’accomplirait pas une pa reille tâche en toute conscience ? Assuré ment, le président actuel n’hésitera pas. Il formera un cabinet conforme au vote de la Chambre, c’est-à-dire au moins aussi accentué que le cabinet précédent. Mais, quoi qu’il fasse, la lutte est engagée : le pays ne laissera pas méconnaître ses volontés. Camille PELLETANT....

À propos

Fondé en 1881 par Charles Laurent, Paris fut d'abord un quotidien gambettiste, avant de devenir tout simplement opportuniste. En 1888, le journal attaque avec violence le Crédit Foncier, lequel le rachète immédiatement dans le seul but de le faire taire. À la suite de quoi le directeur du journal démissionne, pour fonder Le Jour. Le nouveau directeur Raoul Cavinet, d'une moralité douteuse, sera impliqué dans les années qui suivent dans plusieurs affaires de chantage et de fraude. Il abandonnera son poste, et le titre avec lui, en 1895.

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