Extrait du journal

Ma première question, en traversant l’autre jour le village de Konnersreuth. en Bavière fut pour m’enquérir des nouvelles de Thérèse Neumann, cette petite paysanne dont les « larmes de sang », les extases et l’étrange crucifixion défrayèrent, il v a quelques années, la presse du monde entier. On n’a pas oublié l’affreuse histoire de cette jeune fille qui, chaque semaine, dans la nuit du jeudi au vendredi, voyait apparaître sur ses pauvres mains les stigmates du Christ, versait des larmes de sang, souffrait toutes les douleurs et les agonies de la Passion et donnait à la foule accourue l’inhumain spectacle d’un supplice dont les pèlerins allemands se montraient volontiers friands. L’Eglise et la Science, on s’en souvient, avaient observé un silence prudent devant l’énigme de Konnersreuth, mais l’opinion publique, représentée par les milliers de pèlerins venus de Berlin, de Nuremberg et de Munich, s’ôtait hâtée de conclure, et Thérèse Neumann n’watt pas tardé à faire figure de sainte à la suite de François d’Assise'. de Catherine de Sienne ou de Thérèse de Lisieux. Le « miracle » sanglant devait faire la prospérité du village: Konnersreuth devint, en quelques années, le centre d’un monstrueux pèlerinage. Témoin, l’un des premiers du martyre hebdomadaire de Thérèse Neumann, nous ne pensons pas que Charcot. Briquet, Pierre Janet. Georges Dumas et tant d’autres éminents savants qui ont étudié les phénomènes des stigmates connus depuis le ХІІГ siècle, se soient jamais trouvés en présence d’un cas analogue à celui de Konnersreuth....