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Paris, 5 décembre 1882

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Paris
5 décembre 1882


Extrait du journal

affaire individuelle, et, dans aucun acte public, le citoyen ne peut être appelé à en rendre témoignage. Le mariage est-il accompagné d’une déclaration religieuse ? M. de Massy ose rait-il soutenir que le mariage civil in tronise le matérialisme ? Comment ne voit-on pas qu’une for mule de serment devient banale et ne donne aucune garantie si elle ne corres pond à un sentiment universel? M. de Massy affirme, il est vrai, que la croyance en Dieu est innée à tous les hommes;, mais les faits lui donnent un démenti. Le serment religieux n’atteint donc pas son but; il n’engage que les croyants, c’est-à-dire, dans la pensée de M. de Mas sy, les honnêtes gens. Quant aux autres, quant à ceux qui n’ont ni conscience, ni honneur, ils ne reculeront pas devant une déclaration religieuse. Celui qui ment à l’honneur, ment à Dieu. Si Dieu n’est qu’une fiction, écrit M. de Massy, pourquoi ne pas avoir quelque tolérance pour une fiction d’ailleurs res pectable?— Mais la question est autre : Ce n'est pas par déférence pour la reli gion que le serment a été institué, mais pour obtenir du juge ou du témoin une déclaration sincère. Or, la formule sacra mentelle n’obligeant pas toutes les con sciences, n’a pas sa raison d’être. La proposition Jules Roche est venue d’un sentiment de fierté et de respect pour soi-même. Un homme d’honneur ne peut admettre que sa parole, donnée so lennellement, soit réputée douteuse ; or le serment religieux n’est autre chose qu’un acte de suspicion; c’est comme si l’on disait au témoin : « Vous affirmez sur l'honneur que vous dites la vérité ; cela ne suffit pas. Jurez sur Dieu et je vous croirai ; jusque-là, non. » Je le répète, le serment, dans sa for mule actuelle, est humiliant, en raison même de la dignité morale de celui qui le prête. Le projet soumis au Sénat n’est donc pas une prime à l’impiété : il sup prime un usage immoral ; il donne satis faction aux consciences fières. Quant aux gredins, ils jureront tout ce qu’on voudra. Julien Penel....

À propos

Fondé en 1881 par Charles Laurent, Paris fut d'abord un quotidien gambettiste, avant de devenir tout simplement opportuniste. En 1888, le journal attaque avec violence le Crédit Foncier, lequel le rachète immédiatement dans le seul but de le faire taire. À la suite de quoi le directeur du journal démissionne, pour fonder Le Jour. Le nouveau directeur Raoul Cavinet, d'une moralité douteuse, sera impliqué dans les années qui suivent dans plusieurs affaires de chantage et de fraude. Il abandonnera son poste, et le titre avec lui, en 1895.

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