Extrait du journal

LES PERSPECTIVES DE PAIX On lit dans le Journal de Genève : Une guerre entre l’Allemagne et la France serait, aujourd’hui, bien autrement san glante et terrible qu’il y a treize ans, et l’etat-major prussien le sait bien. Il a calculé, à quelques milliers de soldats près, le chiffre d’hommes qu’il lui faudrait sacrifier pour percer cette formidable bar rière de forts qui s’étend du Pas-de-Calais à la frontière suisse, et le nombre de corps d’armée que, eu cas de succès, il lui faudrait déployer pour compléter l'investissement de Paris. 11 sait ce que vaut l’armée française, meilleure qu’en 1870, plus nombreuse que celle de l’Allemagne, plus riche en canons, couverte en outre par un véritable mur de feu, et il n’est pas assez téméraire pour spéculer sur le renouvellement des fautes qui, eu 1870, lui ont permis de faire pri sonnière, en deux mémorables journées, l’armée française avec son empereur et tous ses généraux. Nous croyons donc que, dans ces cir constances, l’Allemagne ne fera la guerre que si elle y est forcée pour sa propre dé fense; et comme il semble qu'il n’y ait rien à craindre de ce côté-là, sauf l’imprévu, avec lequel, il est vrai, il faut toujours compter, les gens paisibles peuvent se ras surer. La triple alliance qui serait, dans d'au tres circonstances, un instrument de guerre formidable, semble être, dans l’état pré sent de l’Europe, plutôt une promesse et une garantie de paix....