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Paris, 25 août 1887

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Paris
25 août 1887


Extrait du journal

Tout le monde aura été certainement satisfait d’apprendre que le ministère Rouvier s’est constitué pour pratiquer entiu une politique d’économies et de ré formes, dès longtemps nécessaire. C’était pour n’avoir pas voulu réduire le budget que M. Goblet était tombé : comment son successeur ne ferait-il pas le possible pour apporter à la Chambre des états de dé penses moins chargés? Lors donc que le budget rectifié de 1888 a été déposé, on s’est généralement accordé à trouver que le nouveau cabinet inaugurait habilement ses travaux en sa crifiant près de cent vingt millions. Làdessus les Chambres se sont séparées sans qu’on eût bien vu clair au fond de ce nouveau projet de loi de finances, et c’est maintenant seulement que, peu à peu, les différents départements ministé riels nous expliquent comment ils contri buent, chacun pour leur part, à ce dégrè vement total. C’est le tour de l’instruction publique aujourd’hui, et nous devons malheureuse ment constater que si toutes les réformes tentées dans les autres administrations ont un caractère aussi peu démocratique que celles-ci, nous en arriverons à regret ter le gaspillage. M. Spuller, parmi toutes les modifica tions dont il a fait parvenir le détail aux membres de la commission du budget, en a inscrit deux qui nous paraissent en contradiction formelle avec l’esprit même d’un gouvernement républicain D’abord, l’honorable ministre de l’in struction publique réduit de IA millions à 10 millions la subvention de l’Etat aux communes, — subvention destinée à couvrir pour elles les frais de l’enseigne ment primaire gratuit et obligatoire. Le crédit était à peine suffisant pour ouvrir de toutes parts des locaux convenables et pour compenser le déficit résultant, dans tous les budgets communaux, de la sup pression des rétributions scolaires. Voilà qu’on le réduit encore. Comme toujours, les petits vont pâtir des... erreurs des grands, et la République, qui s’était honorée en dépensant pour instruire la France en même temps que pour l’armer, rogne sur la classe et se fatigue de jeter au rebours l’argent par les fenêtres, du dehors à l’intérieur des écoles. Nous disons que cela n’est pas une idée de gauche, que c’est une idée de droite, et que les discussions antérieures dans la Chambre, discussions documentées d’une façon très précise et très exacte, ont dé montré que les sommes actuelles étaient à peine suffisantes pour suffire à tous les besoins et pour satisfaire au vœu de la loi. M. Spuller propose une autre réforme encore : On s’est avisé que les parents qui met tent leurs enfants au lycée ne dépensent pas assez pour leur faire donner l’ensei gnement secondaire. Cela va pourtant de mille à deux mille francs par an, suivant les classes, sans compter les frais de trousseau, les dépenses personnelles, les sorties et le reste. Il paraît que trop de gens pouvaient ainsi donner à ceux qui les suivent dans la vie une instruction supérieure et leur ouvrir l’accès des grandes écoles et des carrières libérales. Et savez-vous pourquoi l’ou s’en est aperçu ? — C’est que l’Etat subvention nait les lycées et qu’il a eu tout à coup l’idée, il y a quelques semaines, d’écono miser cette subvention-là !... Alors, c’est très simple : les parents paieront un peu plus cher pour la pen sion de leurs fils, et tout sera dit; l’équi libre sera obtenu. Je dis que cette mesure-là aussi est antidémocratique ; je dis qu’elle est contraire à l’intérêt national, car elle met un obstacle de plus à l’éclosion des jeunes talents, des génies peut-être, qui donnent dans l’âme des enfants et qu’un peu d’instruction libéralement donnée appel lerait peut-être à la vie. Cette idée de trouver trop bon marché l’enseignement des lycées, c’est une idée d’autrefois, c’est une idée de Falloux, ce n’est pas une idée digne de Spuller. Si beaucoup des économies préparées...

À propos

Fondé en 1881 par Charles Laurent, Paris fut d'abord un quotidien gambettiste, avant de devenir tout simplement opportuniste. En 1888, le journal attaque avec violence le Crédit Foncier, lequel le rachète immédiatement dans le seul but de le faire taire. À la suite de quoi le directeur du journal démissionne, pour fonder Le Jour. Le nouveau directeur Raoul Cavinet, d'une moralité douteuse, sera impliqué dans les années qui suivent dans plusieurs affaires de chantage et de fraude. Il abandonnera son poste, et le titre avec lui, en 1895.

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