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Revue française politique et littéraire, 9 octobre 1921

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Revue française politique et littéraire
9 octobre 1921


Extrait du journal

A foule qui regardait brûler le Printemps, il y a dix jours, paraissait vraiment émue. On parlait bas, et dans tous les propos que j’ai recueillis, un sentiment dominait : la sympathie. Sympathie pour le personnel, voué sans doute au chômage, pour la direction qui avait édifié à grands frais un si beau palais, à peine fini, et détruit en une heure; sympathie pour les choses aussi, pour les trésors accumulés dans ce brasier. On voyait, au deuxième étage, entassées contre la vitre, des piles de boîtes de carton attendant leur tour de brûler; dans chacune d’elles, une paire de chaussures, de ces chaussures qu’on paie si cher. Ah ! si on avait pu, comme avec les yeux, les saisir avec les mains ! Pour les sauver... Car ces gens, qui regardaient comment une étincelle malheureuse peut réduire en cendres cinquante millions de marchandises, ne montraient par des faces de pillards. L épouvante et la pitié habitaient leurs âmes de badauds. J’ai éprouvé là, une fois de plus, que l’homme, devant le malheur, se met d’abord au garde-à-vous....
Revue française politique et littéraire (1905-1933)

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