Écho de presse

Le « vrai » Maigret : le commissaire Guillaume, cador du 36 quai des Orfèvres

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Marcel Guillaume en pleine déposition lors d'un procès, Agence Mondial, 1932 - source : WikiCommons

Landru, Bonnot, Violette Nozière... Marcel Guillaume, figure de la Brigade Spéciale de la Police Judiciaire de 1928 à 1937, coffra quelques-uns des criminels les plus célèbres du premier XXe siècle. Modèle du célèbre enquêteur de Simenon, il raconta lui-même ses aventures dans Paris-Soir.

La presse l'avait surnommé « l'as de la PJ ». Marcel Guillaume (1872-1964), plus connu sous le titre de « commissaire Guillaume », fut l'un des grands enquêteurs du 36, quai des Orfèvres, siège de la Police judiciaire parisienne. Devenu dans l'entre-deux guerres l'un des policiers les plus célèbres du pays, sa personnalité bonhomme fit le délice des journaux de l'époque.

Né à Épernay, dans la Marne, il commença sa carrière comme apprenti épicier, avant de tenter une carrière dans l'armée puis dans l'administration. La police lui ouvre ses portes en 1900, lorsqu'il entre au commissariat du quartier de La Chapelle à Paris. Il devient commissaire en 1913, puis commissaire-divisionnaire en 1928 au Quai des Orfèvres, où il dirige la Brigade spéciale 1, ancêtre de la brigade criminelle.

À son actif, certaines des affaires parisiennes les plus fameuses de l'époque. De 1911 à 1912, il participe à la traque de la bande à Bonnot, groupe anarchiste qui multiplie les braquages et les meurtres. On retrouve ensuite Guillaume sur l'affaire Landru, meurtrier de onze femmes pendant la Première Guerre mondiale. Il arrêtera Paul Gorgulov, l'assassin du Président Doumer, guillotiné en 1932, le bijoutier Mestorino, coupable de meurtre, et Violette Nozière, qui empoisonna ses parents. Il participa aussi à l'enquête sur l'affaire du conseiller Prince, crime lié à l'affaire Stavisky, qui défraya la chronique en 1934.

C'est surtout la méthode employée par Guillaume pour faire avouer les suspects qui fascina les journalistes de l'époque. Parmi ces derniers, un certain Georges Simenon, écrivain et rédacteur prolifique, qui le suit en janvier 1934 pour Paris-Soir, dans le cadre d'une enquête sur « les coulisses de la police ».

Simenon assiste en direct à un des fameux « interrogatoires à la chansonnette » de Guillaume, mélanges de courtoisie, de déstabilisation subtile et de psychologie. Il raconte comment ce dernier a obtenu les aveux de Mestorino, le meurtrier de son créancier, un certain Truphème :

« – Asseyez-vous, cher monsieur ! Excusez-moi de vous avoir fait attendre.

Le bureau est banal, comme celui du chef. Il y a une glace grisâtre sur la cheminée. Le commissaire Guillaume es...

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