Ainsi, en mars 1933, Heinrich Himmler, Reichsführer de la SS, député nazi et préfet de police de Munich, annonça dans une conférence de presse l’ouverture d’un camp près de Dachau, destinés entre autres aux marxistes, aux communistes, mais aussi à des opposants d’extrême droite, sur le prétexte de la mise en péril de la sécurité de l’État. Dans la même conférence, Himmler annonça aussi l’ouverture prochaine d’autres camps sur tout le territoire. Cette information fit la Une de la presse internationale.
Toutefois, la presse française fut dépendante, dans un premier temps, de sa consœur allemande : faute de pouvoir envoyer des correspondants, les journaux français étaient obligés de se fier aux articles parus outre-Rhin et de les citer. Elle reprenait aussi des dépêches de l’agence Havas. Bien qu’ils émissent parfois des réserves, les erreurs résiduelles, ou de traduction, en firent des relais de la propagande nazie.
De ce fait, la plupart des journaux français, apprenant la création de ces camps, firent preuve de prudence dans le traitement de l’information, reprenant les communiqués officiels sans les commenter, tel cet article :
« L’ancien président du Reichstag et leader social-démocrate Paul Loebe, arrêté depuis plusieurs semaines, vient d’être conduit dans un camp de concentration aux environs de Breslau, ainsi que la femme de l’ancien préfet socialiste de Basse-Silésie, Luedemann, parce qu’elle aurait répandu des informations fausses. »