Écho de presse

Charles Péguy, un socialiste de droite ?

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Charles Péguy dessiné par Egon Schiele, Une du Die Aktion, 1914 - source : WikiCommons

Écrivain érudit et poète mystique, dreyfusard de la première heure et fervent catholique, penseur d’un socialisme libertaire et patriote fiévreux, Charles Péguy a fasciné autant que révulsé. Il demeure une figure intellectuelle insaisissable.

Récupéré par la droite et l’extrême droite, souvent incompris et mal-aimé par la gauche, Charles Péguy est une figure complexe, incontournable  – et insaisissable. 

Celui qui toute sa vie nourrira la nostalgie de ses racines paysannes naît à Orléans en 1873 dans une famille rurale modeste. Sa mère est rempailleuse de chaises, son père menuisier, mais ce dernier meurt l’année de sa naissance, à 27 ans, d’un cancer de l’estomac  – Péguy sera convaincu qu’il l’a contracté à cause du pain noir ingéré pendant le Siège de Paris de 1870. 

Élevé par sa mère et sa grand-mère, il évoquera ses premières années en ces termes : 

« J'ai vu toute mon enfance rempailler des chaises exactement du même esprit et du même cœur, et de la même main, que ce même peuple avait taillé ses cathédrales. »

Charles Péguy commence ses études supérieures quand éclate l’affaire Dreyfus. Profondément révolté par l'antisémitisme, il signe toutes les protestations publiées dans L'Aurore pour demander la révision du procès Dreyfus, et participe à de nombreux affrontements entre dreyfusards et antidreyfusards. Péguy sera d’ailleurs l’un des rares intellectuels de l’époque à nourrir une sympathie profonde pour le peuple juif, dont il étudiera et méditera longuement l’histoire.

À l'École normale supérieure, où il est admis à sa troisième tentative, il est l'élève de Romain Rolland et d’Henri Bergson. Il affine à leurs côtés ses convictions socialistes, et développe sa vision personnelle d'un socialisme fait d'idéal de fraternité et de...

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