Écho de presse

La grève sanglante de Draveil-Villeneuve-Saint-Georges

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Grévistes blessés par les forces de l'ordre devant la mairie de Draveil, 7 juin 1908, L'Humanité - source : RetroNews-BnF

En 1908, les ouvriers des carrières de Draveil et Villeneuve Saint-Georges se mettent en grève pour de meilleures conditions de travail. Le 2 juin et le 30 juillet, les forces de l’ordre ouvrent le feu sur les grévistes.

Le 2 mai 1908, les ouvriers des carrières de Draveil, rassemblés au sein du syndicat des carriers-puisatiers-mineurs de Chevreuse, se mettent en grève pour demander la journée de 10 heures, le repos hebdomadaire, une augmentation de salaire et la fin du travail à la tâche.

Face à eux, les compagnies de carrières s’unissent pour refuser toute négociation et faire appel à des briseurs de grève pour que le travail reprenne. Les tensions pendant tous le mois de mai sont grandes entre grévistes, « jaunes » et gendarmes qui les accompagnent.

Le 2 juin 1908, ces derniers sont attaqués par des ouvriers. S’ensuit une course poursuite qui mène les gendarmes devant la permanence syndicale, où se trouve des grévistes désarmés ainsi que des femmes et des enfants. Depuis l’extérieur du bâtiment, les gendarmes tirent, tuant Pierre Le Foll et Émile Giobellina et blessant une dizaine de personnes.

Dans les pages du journal socialiste L’Humanité, l’émotion est palpable.

« Cette fois, vraiment, il n'y a pas à équivoquer. Le meurtre commis par les gendarmes à Draveil sur les ouvriers en grève n'a pas l'ombre d'une excuse.

S'il y a eu hier, parmi les ouvriers qui délibéraient pacifiquement, un mort, un homme blessé mortellement, neuf blessés, la responsabilité tout entière, sans chicane possible, sans atténuation possible, pèse sur la force armée. Il n'y a pas eu provocation, il n'y a pas eu agitation, il n'y a pas eu désordre. Ce n'est pas pour refouler ou même pour prévenir des violences, ce n'est pas pour protéger des “jaunes”, que les gendarmes ont fait feu. […]

C'est l'assassinat le plus stupide et le plus sauvage. Les gendarmes n'étaient pas en état de légitime défense. Ce n'est pas dans le désordre d'un corps à corps qu'ils ont tiré. C'est du dehors, c'e...

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