Écho de presse

Les lois contre « l'ivrognerie » : quand l'alcool devenait un ennemi national

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« L'alcool, voilà l'ennemi », tableau mural contre l'alcoolisme par le Docteur Galtier-Boissière, Armand Colin, 1900 - source : Gallica-BnF

En 1873, alors que l'alcoolisme est vécu en France comme une nouvelle « lèpre », une loi fait de l'ivresse publique une infraction. Des voix s'élèvent pour critiquer un projet jugé hypocrite ou inefficace.

L'alcoolisme, « fléau national ». Au lendemain de la défaite militaire de 1870 et de l'épisode de la Commune, la France accuse une sévère gueule de bois et se cherche des coupables.

 

À l'époque, l'alcool fait des ravages : tout le monde ou presque en boit, les jeunes comme les moins jeunes. L' « ivrognerie » devient une cible toute trouvée pour un courant hygiéniste qui se constitue en ligues de tempérance. Certains en font la responsable du déclin mental et physique de pans entiers de la population – et par ricochet, le coupable de la « dégénerescence » de la « race » française.

 

C'est la naissance d'une véritable « passion » anti-alcoolique qui perdurera en France durant toute la fin du XIXe siècle.

L'alcoolisme est d'autant plus néfaste, affirment les médecins de l'époque, qu'il serait largement héréditaire. Le problème est social, affirment quant à eux les statisticiens. Devenu sujet d'étude médical, l'alcoolisme, auparavant tenu pour un vice relevant de la morale, devient également un objet politique – de même qu'un nouvel argument à charge contre les classes populaires.

 

Dès les débuts de la IIIe République, le législateur s'empare de la question : il faut en finir avec « cette plaie croissante des classes ouvrières, qui menace la famille et la société dans leur avenir et dans leur existence », comme l'écrit Le Courrier de Saône-et-Loire en 1871.

« Depuis longtemps déjà les médecins et les législateurs se sont vivement préoccupés de cette lèpre hideuse, qui s’étend de plus en plus dans les classes inférieures de la société m...

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