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Écho de presse

1915 : L'absinthe est interdite en France

En pleine guerre, l'interdiction de l'absinthe, alcool le plus consommé en France, est loin d'être anecdotique. L'alcoolisme fait alors des ravages. 

Marina Bellot

Ecrit par

Marina Bellot

Publié le

8 novembre 2022

et modifié le 22 novembre 2024

En pleine guerre, l'interdiction de l'absinthe, alcool le plus consommé en France, est loin d'être anecdotique. L'alcoolisme fait alors des ravages. 

Au début du XIXe siècle, l'absinthe est le premier alcool consommé en France. La plante elle-même, avec ses feuilles en étoile gris vert et ses fleurs en forme de pompons jaunes, est assez quelconque, mais ses inflorescences distillées avec de l'anis et du fenouil en font un breuvage qui titre jusqu'à 75 degrés d’alcool et connaît bientôt un immense succès populaire. 

Source d’inspiration de nombreux artistes parmi lesquels Rimbaud, Verlaine et Van Gogh, la fée verte, comme on l'appelle alors, est réputée rendre fous ceux qui la consomment.

Il faut dire que de nombreux producteurs, forts de cet engouement, n'hésitent pas à utiliser des alcools médiocres, moins onéreux mais très toxiques. Certains vont même jusqu'à ajouter du sulfate de cuivre pour obtenir la fameuse coloration verte. 

Au début du XXe siècle, les chiffres sont éloquents : la France consomme à elle seule plus d'absinthe que toute l'Europe. Le journal économique L'Argus se désole : 

« Ainsi donc, une partie de la fortune de nos compatriotes sert à la consommation de la boisson la plus nocive qui puisse exister, puisque celle-ci rend fou et criminel, provoque l'épilepsie et la tuberculose, et tue chaque année des milliers de Français. »

Alors que le vignoble français se remet difficilement des ravages du phylloxéra, les vignerons crient haro sur l'alcool d'absinthe. Il faut attendre février 1915 pour que l'interdiction soit votée. 

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En pleine Première Guerre mondiale, la mesure, loin d'être anecdotique, fait la quasi-unanimité au sein du monde politique et médical. Car l'alcoolisme est considéré comme « l'autre danger » menaçant la France. Ainsi les journaux se réjouissent-ils de cette interdiction. 

L'Avenir des Hautes-Pyrénées y voit même l'un des « bienfaits de la guerre » : 

« [...] Il a fallu une catastrophe mondiale pour déterminer les députés à accomplir un devoir élémentaire d’hygiène sociale. Et pour rappeler le mot du professeur Landouzy, l’interdiction de la fabrication et de la vente de l'absinthe devra compter parmi “les bienfaits de la guerre”.

Mais il ne faut pas que le Parlement en reste là. Il ne suffit pas de condamner l’absinthe, dont la consommation a augmenté de 94 pour 100 en trente-huit ans, il faut enrayer l'effroyable progression de l’alcoolisme, qui met notre pays au ban des nations civilisées. »

L'Ouest-Éclair  va encore plus loin, fustigeant « l'ignoble passion de la boisson » :  

« On s'est aperçu que, dans certaines régions, les allocations accordées par l'État aux familles des mobilisés, avaient en ce résultat déplorable d'accroître la consommation de l'alcool. Le ministre s'en est inquiété. Il prie les préfets d'user de leur autorité pour enrayer le mal. S'il le faut, l'on ira, parait-il, jusqu'à priver du bénéfice de l'allocation celles de ses titulaires qui en emploient une trop notable partie à la satisfaction de leur ignoble passion. [...]

Contre l'alcoolisme, les demi-mesures seront à jamais inefficaces. On ne le vaincra qu'en tranchant dans le vif, avec audace et sans pitié. Ici la répression doit être radicale et elle doit atteindre tout ensemble l'alcool, celui qui l'absorbe et celui qui le distribue. C'est cette nécessité, il n'y a pas de liberté du commerce qui vaille, car on n'est pas libre de faire commerce avec la santé de son semblable, avec la vie même, la vie physique et morale de la nation. »

Près d'un siècle après son interdiction, en 1999, les produits français à base de plantes d'absinthe réapparaitront. La dénomination « absinthe » sera quant à elle réautorisée par la loi du 17 mai 2011. 

Marina Bellot

Ecrit par

Marina Bellot

Marina Bellot est journaliste indépendante, diplômée de l'Ecole de journalisme de Sciences Po. Elle a co-fondé en 2009 Megalopolis, un magazine d'enquêtes et de reportages sur la métropole parisienne, qu'elle a dirigé pendant trois ans. Elle est l'auteure de plusieurs ouvrages pédagogiques à destination des adolescents et a co-écrit une biographie de Jean-François Bizot, L'Inclassable, parue chez Fayard en 2017.

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