Chronique

Maryse Choisy, journaliste vedette et scandaleuse de l’entre-deux-guerres

le par

Maryse Choisy le 21 avril 1931, à la présentation d’un « chien kangouroo », photographie agence Rol – Source : Gallica-BnF

« Je suis très dérangeante », affirmait-elle dans ses mémoires. De fait, Maryse Choisy (1903-1979) a souvent laissé pantois ses contemporains. Écrivaine et journaliste prolifique, cette figure atypique a multiplié romans, reportages, interviews et essais dans l’entre-deux-guerres, devenant une vedette de la presse et de l’édition.

Avec Marise Querlin ou Tatyana, Maryse Choisy a incarné une nouvelle génération de reportrices aux dents longues, marchant sur les traces d’Albert Londres ou d’Alexandra David-Néel, prêtes à tout pour se faire une place au soleil dans un milieu encore presque exclusivement masculin.

Maryse Choisy eut d’abord une jeunesse romanesque. Enfant sans doute illégitime et très tôt orpheline, elle a été élevée par deux tantes de milieu aristocratique, dont l’une était vraisemblablement sa mère. Bachelière à 15 ans, Maryse décroche une licence de philosophie en 1921 puis part étudier à Cambridge, où elle rencontre un maharadja qu’elle s’apprête à épouser mais qui meurt à la veille de leurs noces. Elle en gardera la passion de l’Inde, où elle séjourne durant plusieurs années et rencontre le poète-philosophe Rabindranath Tagore, avant de soutenir en France, en 1926, une thèse sur les philosophies orientales. Elle entretiendra toute sa vie une passion pour le yoga, l’orientalisme, l’occultisme.

Mais c’est plutôt vers la littérature et le journalisme qu’elle finit par bifurquer. En 1924, Maryse publie son premier ouvrage, Presque, joliment sous-titré « quasi roman ». L’intrigue est touffue et peu réaliste mais séduit la critique. « Ce livre dénote une imagination brillante à laquelle Mme Maryse Choisy s’abandonne avec un visible et délicieux plaisir. », considère ainsi le supplément littéraire du Figaro le 17 janvier 1925.

Son nom s’impose progressivement, en révélant une large palette de talents puisqu’elle est à la fois romancière (Mon cœur dans une formule en 1927, Le Vache à l’âme en 1930, Don Juan de Paris en 1933, Neuf mois en 1936…), conférencière (par exemple sur les « Femmes de harem », au Club du Faubourg en décembre 1927), adepte de la « chirologie » – la lecture des lignes de la main –, comédienne et chanteuse à ses heures… Fin 1927, elle a aussi fondé avec plusieurs femmes de lettres un mouvement baptisé le « sur-idéalisme », qui ambitionne de révolutionner l’écriture journalistique en rompant avec le « style Havas » – sec, factuel – pour « prendre le lecteur à la gorge » par l’émotion et l’intensité du récit.

Car à cette date elle est aussi et peut-être surtout journaliste, ou plutôt reportrice indépendante, passant d’un organe de presse à l’autre, publiant nombre de ses reportages en volumes indépendants. La chirologie est sa première porte d’entrée dans les rédactions : pour L’Intran...

Cet article est réservé aux abonnés.
Accédez à l'intégralité de l'offre éditoriale et aux outils de recherche avancée.