Écho de presse

Le tatouage, «  pratique bizarre  » des hommes du peuple à la fin du XIXe siècle

le par

Le boxeur tatoué Jack Meekins en 1908, Agence Rol - source : Gallica-BnF

Dans les années 1880 en France, la mode du tatouage, traditionnellement héritée des peuples d’outre-mer, se répand via les marins au sein des classes populaires et des milieux dits « marginaux ».

«Tout le monde connaît les images colorées que l’on voit assez souvent sur les mains et sur les bras des hommes du peuple.

Ces images ont habituellement une coloration bleu foncé, quelquefois elles sont nuancées de rouge ; leurs contours sont plus ou moins nets et la variété des figures ou des objets qu’elles représentent est infinie : ce sont les tatouages.»

Comme en témoigne cet article de La République française publié en 1895, à la fin du siècle de plus en plus de Français, majoritairement issus des classes populaires, arborent fièrement leurs peaux nouvellement tatouées. Cette vogue encore récente, considérée comme « marginale », intéresse les rédacteurs de nombreux journaux – de même que les diverses sociétés d’anthropologie.

Si la pratique du tatouage est attestée en Occident depuis l’époque préhistorique et s’est épanouie durant l’Antiquité sous diverses formes, elle disparait peu à peu à partir de sa condamnation par l’Église au Moyen Âge. C’est seulement dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, lorsque les Français prennent connaissance, grâce à la presse, des récits de voyage de Louis-Antoine de Bougainville [lire notre article] ou de James Cook, qu’ils redécouvrirent, avec curiosité, l’art du tatouage polynésien – tatau en tahitien, et qui donnera son nom au tatouage.

Dessin de « guerrier renard », 1731 - source : Gallica-BnF

Au retour de leurs missions, ces explorateurs amènent avec eux, en Europe, des hommes et femmes tatoués afin de les exhiber dans les cours princières, avant que ceux-ci ne soient présentés de ville en ville dans les foires.

Dès lors, un remarquable engouement, fascination mêlée de répulsion envers cette pratique jugée « barbare », se développe autour du tatouage.

Les premiers Occidentaux à arborer fièrement ces dessins de peau sont les marins ; ils rapportent de leurs voyages par les océans ce type de souvenir indélébile, souvent sous la forme d’une ancre de bateau ou d’u...

Cet article est réservé aux abonnés.
Accédez à l'intégralité de l'offre éditoriale et aux outils de recherche avancée.