Écho de presse

Belleville, 1860 : quartier rebelle

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La rue de Belleville à Paris, carte postale, début XXe siècle - source : WikiCommons

Les Parisiens du début du XIXe siècle venaient se divertir dans ses guinguettes et y célébrer Mardi Gras lors de la fameuse Descente de la Courtille. Mais Belleville, rattaché en 1860 à Paris, fut aussi le creuset des mouvements révolutionnaires qui ébranlèrent la capitale.

Quartier cosmopolite et divers, riche d’une histoire passionnément contestataire et d’une identité encore très marquée aujourd’hui, Belleville, dans le nord-est de Paris, a longtemps eu mauvaise réputation auprès des bourgeois du centre de la capitale.

Ses limites sont floues : au point de vue administratif, le quartier, situé dans le 20e arrondissement, est compris entre les rues de Belleville, Pixérécourt, de Ménilmontant, et du boulevard de Belleville. Mais beaucoup y ajoutent tout le quartier de Ménilmontant et du Père-Lachaise, voire du Faubourg du Temple et des Buttes Chaumont.

Avant son rattachement à Paris, Belleville était une commune indépendante dont la trace remonte au Moyen Âge. Site champêtre et paisible dominant Paris, on y a longtemps exploité de multiples sources souterraines, canalisées au moyen de bassins et d’aqueducs (aujourd’hui, la rue des Rigoles ou celle des Cascades rappellent cette ancienne activité).

Au XVIIIe siècle, des carrières de gypse y sont creusées à flanc de colline. En 1810, un rédacteur du Journal de Paris préconise d’ailleurs la construction de parapets autour de celles-ci, afin d’empêcher les promeneurs alcoolisés d’y chuter :

« Ces accidents sont très rares à Paris, parce que la police est toujours attentive à les prévenir ; il serait à désirer que la même prévoyance et la même attention sétendissent jusqu’hors des murs de cette grande ville, surtout dans les lieux où le son des instruments, les jeux, la danse, le vin, les guinguettes, appellent le peuple dans ses moments de loisir, et lui font perdre souvent le sang-froid nécessaire à sa conservation. »

La recommandation n’est pas superflue : Belleville, à l’époque, est en effet réputée pour ses guinguettes, ses gargotes et ses bals. La raison : l’octroi, une taxe sur les marchandises, n’était pas perçu au-delà des frontières de Paris, ce qui favorisa la création de débits de boisson sur les « barrières » de la capitale, par-delà le mur des Fermiers Généraux. Au début du XIXe siècle, la commune est très prisée des ouvriers du Nord parisien grâce à des lieux comme le Cabaret Ramponeau, le Petit Bacchus,...

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