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« Na Zdar ! » Les Sokols, une gymnastique très politique

le par - modifié le 20/08/2022
le par - modifié le 20/08/2022

Lorsqu’à la fin du XIXe siècle ces groupes sportifs et patriotiques tchèques débarquent en France, la presse est subjuguée. L’enthousiasme pour leurs démonstrations collectives pousse l’Hexagone à prendre la défense d’une Bohème toujours soumise à l’empire austro-hongrois.

Il n’est pas de sensibilité politique qui, en France, n’ait été, au pis, intriguée ou, au mieux, enthousiasmée par les Sokols (Faucons), ces sociétés patriotiques de gymnastique slaves, particulièrement actives en Bohème, devenue la Tchécoslovaquie. C’est en 1889, à l’occasion de l'Exposition universelle, que les Parisiens, et avec eux toute la France, découvrent avec émerveillement les impressionnantes figures réalisées par les gymnastes tchèques. Ponctuant chacune de leurs démonstrations virtuoses, leur salut joyeux « Na zdar ! (Bonne chance !) » parcourt le monde. 

De sa naissance au mitan du XIXe siècle à sa mort, sous la botte nazie en 1939 puis sous le joug communiste en 1952, le mouvement Sokol aura singulièrement attiré à lui toutes les polarités politiques françaises. Ce sont d’abord les droites nationalistes qui exaltent les vertus et l’esprit des sokols « de nature à développer l'esprit guerrier de la nation » selon L’Action Française en 1909, avant que la gauche n’y trouve à son tour son compte dans la célébration d’un patriotisme défensif, pacifiste et antifasciste durant les années 30. Ainsi, pour Le Populaire, en 1938 :

« Les Sokols c'est un symbole. C'est l'exemple d'une nation qui courageusement a su faire son inventaire à l'époque de son plus complet abaissement.

L'histoire du Sokol vaut la peine d'être contée en ces jours où nous avons tous besoin de prendre une leçon de salut national. »

Mais s’agit-il de gymnastique ou bien de politique ? Des deux, indistinctement. La première société de Sokols a été fondée en 1860, produit de la rencontre entre un poète, le professeur Miroslav Tyrš, et son mécène Jindřich Fügner. Inspiré des exemples suédois et allemand, le mouvement Sokol a pour vocation de fortifier le peuple slave par une éducation physique intense, inscrite dans un creuset culturel commun. 

La dimension patriotique ne doit rien au hasard. Réprimées dans le sang, la tentative d’émancipation des Tchèques et l’insurrection de Prague en 1848 ont trouvé dans le mouvement Sokol une autre manière de cultiver leur identité slave et l’aspiration à une nation en propre. Le Compromis de 1867 qui a vu l’Empire autrichien des Habsbourg devenir une double monarchie austro-hongroise a ignoré les revendications fédérales des Slaves.

Dès lors, le patriotisme tchèque se fond et se confond dans le mouvement Sokol. Le nombre d’adhérents passe de moins d’un millier en 1862 à 683 341 membres en 1934. Le tutoiement est de rigueur, et la hiérarchie sociale estompée par le costume unique : chemise rouge, petite veste et pantalon en drap brun, vareuse grise et toque noire ornée d’une plume de faucon.

Les gymnastes, Sokols et Sokolettes, ne sont pas des soldats mais des citoyens. Le mouvement promeut la fraternité, l’humanisme et le désintéressement.

La gymnastique est alors en vogue dans toute l’Europe, quintessence d’une attention et d’un soin nouveaux donnés au corps ; un soin qui n’est pas seulement physiologique ou esthétique mais également civique et patriotique. La gymnastique, suédoise, française ou allemande tient de l’exercice militaire, dans une perspective de fortification de l’individu et du citoyen ; on disait alors « de la race », et voulait exacerber des valeurs et des vertus d’un idéal du citoyen (honnêteté, tolérance, humilité, désintéressement, courage, amour de la liberté et de la patrie).

Il n’y a pas d’autre émulation parmi les Sokols que le désir de faire le bien, de célébrer la beauté et d’accomplir un projet collectif. L’inspiration est antique –elle puise dans le modèle du « Kalos Kagathos » et de l’aphorisme de Juvénal « Mens sana in corpore sano » – mais les préceptes sont ceux des Lumières et de la démocratie libérale. 

En 1932, le magazine L’Image traduit un des refrains de l’hymne Sokol :

« Tiens-toi dans le vrai

Aime ta patrie

Refuse l’esclavage

Sers l'humanité et ta nation. »

Le mouvement des Sokols est aussi un mouvement démonstratif et performatif. Des manifestations publiques sont régulièrement organisées : les Slets, qui sont à la fois des festivités nationales et panslaves. Le premier est organisé en 1882 à Prague. Les journalistes sont éblouis. Spectaculaire, la performance sportive est alors sans équivalent ; les Sokols inaugurent en Europe le spectacle de masse. Avec une précision impeccable, plusieurs milliers de participants effectuent, dans une coordination parfaite, des mouvements qui transforment la foule des gymnastes en une entité collective surhumaine, exprimée par des gestes mille fois identiques.

La Petite Gironde s’essaye à dépeindre le spectacle :

« Les Sokols sont au travail, la jambe dessinée par un maillot bleu, le torse moulé en un tricot blanc liseré de rouge. 

Sur le plateau où la masse des gymnastes est appelée à exécuter les mouvements d’ensemble, la place de chaque figurant est indiquée par un pavé peint en blanc. On dirait d’un damier gigantesque ! 

Bientôt, par deux sorties latérales, les Sokols s’élancent. La répétition générale va commencer. De la tribune officielle, les membres de la délégation française se préparent à applaudir. Par vingt de front, sous le soleil qui brûle la peau, les gymnastes reviennent dans l’enceinte. Une musique joue la marche des Sokols. La colonne se dédouble. Deux files, maintenant, se développent, opposées aux extrémités du terrain, elles se partagent encore. 

D’un mirador situé au-dessus des tribunes, le moniteur général commande. La masse s’arrête, par colonnes de cinq, espacées de la largeur utile au déploiement. À un ordre, les deux files qui encadrent la file du centre se portent, respectivement, à un et deux pas sur le côté. C’est parfait d'ensemble : chaque gymnaste se trouve sur un des pavés, – et ces quatre mille jeunes gens sont irréprochables d’alignement et de tenue. 

L'effet produit est énorme. Nos compatriotes, émerveillés, applaudissent à tout rompre. »

Ces festivités sportives sont avant tout de puissantes démonstrations d’affirmation politiques et patriotiques pour la Bohème. Les Slets sont l’occasion d’inviter les Sokols des diasporas tchèques et slovaques à travers le monde et les Sokols des « autres pays slaves » – qui, à l’exception de la Serbie, sont tous réduits au statut de provinces de la Double-monarchie ou de l’Empire russe. Au travers des Sokols, la Bohème invite le monde et prend une stature internationale, faisant de ses gymnastes les ambassadeurs de l’indicible patriotisme d’une liberté perdue. Les corps remplacent la voix, par ses mouvements identiques la foule fait nation.

1892. Tandis que la France achève de panser les plaies de la mutilation du Traité de Francfort, Paris a enfin trouvé et conclu une alliance de revers. Elle sera russe ; l’autocrate Alexandre III est choyé par la IIIe République. Qu’importe, la France se met à l’heure slave et les Tchèques répondent à l’appel ; des amis, peut-être des alliés demain.

Les fêtes de Nancy en juin 1892 sont l’occasion pour la France d’affirmer le renouveau de sa position en Europe, deux décennies après avoir été vaincue. À quelques kilomètres de l’Allemagne et des « provinces perdues », la capitale lorraine accueille le Président de la République Sadi Carnot accompagné du Premier ministre Loubet. Cette affirmation patriotique est perçue comme une provocation délibérée en Europe. À Lunéville, on a fait interdire l’exhibition des drapeaux russes, tout comme les drapeaux alsaciens, pour éviter toute provocation.

Le Courrier de Tlemcen rend compte de l’événement et de ses enjeux :

« Les fêtes de Nancy […] excitent la bile des gouvernements de la Triple-Alliance. Pour peu, les Allemands verraient dans ces démonstrations à la frontière une provocation à leur adresse. […]

Depuis plus de vingt ans la forfanterie allemande s'est livrée envers la France à toutes les provocations. Le peuple français les a longtemps dédaignées ; la presse seule, dans un langage mesuré et digne, s'est contentée de les relever ; 

mais aujourd'hui que nous avons reconquis notre place dans le concert des grandes nations, que nous ne nous sentons plus isolés et que nous avons conscience de notre propre force, il nous plaît de nous livrer chez nous à des démonstrations patriotiques qui ne pouvaient être plus longtemps contenues. »

La présence des gymnastes tchèques à Nancy n’est pas que sportive, elle est aussi symbolique. Elle incarne et atteste de la nouvelle alliance entre la France et le monde slave. Ce sont aussi les mots du député tchèque et président du Sokol de Prague, dans La Lanterne :

« Si nous sommes les fils d'une petite nation, dit-il, sa valeur est grande, et nous nous sentons le courage de faire dans l'avenir de grandes choses, car nous sommes en même temps une branche de la grande famille slave où se trouve représentée la sainte Russie.

Si nous osons ici parler de notre passé, nous savons tous que le plus glorieux passé est celui de la France qui s’est mise à la tête de la civilisation du monde. Si aujourd'hui nous nous donnons la main, aucune force, aucun pouvoir ne pourrait nous en empêcher. »

Et, dixit L’Éclair, Prague et Paris partagent une même détestation de « l’élément tudesque : « Entre les Allemands de Vienne et ceux de Berlin, les patriotes tchèques n’admettent aucune distinction ». 

Un incident, bénin mais symbolique, à retenu l’attention de la presse. En se rendant à Nancy en 1892, les délégués Sokols furent retenus à la frontière allemande parce que, selon Le Temps « ils avaient arboré leurs couleurs nationales, les mêmes que les nôtres, mais disposées dans un ordre différent ».

La francophilie des Sokols trouve un écho certain dans la France vaincue et mutilée de l’après 1871. À la veille de la Grande Guerre, Le Petit Journal soulignait qu’au sein de l’hostile Empire austro-hongrois demeuraient d’indéfectibles amis de la France :

« Or, les Tchèques qui sont à la tête du mouvement sont d'anciens et éprouvés amis de la France. 

N'oublions jamais qu'en 1870, alors que l'Europe, terrorisée, se taisait devant le vainqueur prussien ; le peuple tchèque, quoique encore sous l'étreinte du germanisme, osa seul élever la voix en faveur de la France et protesta contre l'annexion à l'Allemagne de l’Alsace-Lorraine. »

D’aucuns multiplient dès lors les parallèles : Pour Le Monde illustré de 1891, la « Vaillante bohème slave est une seconde France » ; comme l’Alsace-Lorraine, elle refuse l’assimilation germanique. Les descendants des Hussites et des rois de Bohème entendent ne pas se laisser écraser entre les trois empires.

Dès lors, le mouvement Sokol est un point d’appui pour la diplomatie française. C’est aussi un rempart à l’hégémonie de la culture germanique en Europe centrale. À l’exposition nationale de Prague organisée à l’été 1891, les délégués français sont accueillis par les Sokols qui entonnent La Marseillaise. Enfin, le Sokol de Paris, fondé en novembre 1892 par des émigrés tchèques et slovaques, participent à renforcer les liens tissés entre la Seine et la Vltava. Et les étudiants tchèques de Paris figurent naturellement parmi les meilleurs ambassadeurs de la cause tchèque, dans les colonnes de la revue L’Université de Paris :

« Notre histoire n’est qu’un torrent de larmes et un cri de rage versés et arrachés dans nos luttes désespérées, pour notre existence nationale et pourtant nous ne sommes pas moins dignes que les autres nations d’une évolution paisible et d’un travail tranquille pour les grandes œuvres de la civilisation moderne. »

Le déclenchement de la Première Guerre mondiale a des conséquences malheureuses pour la Bohème. Les Sokols sont dissous par décret impérial à la fin de l’année 1915. L’Excelsior s’en désole et annonce la révolte des Tchèques.

De fait, les diasporas tchèques prennent les armes aux côtés de la France, de la Russie et de l’Italie. Parmi les prisonniers faits parmi les soldats des armées austro-hongroises, Tchèques et Slovaques sont libérés et forment des Légions tchécoslovaques. La plus fameuse aura un rôle prééminent en Russie en tenant le Transsibérien.

La défaite allemande et austro-hongroise en 1918 est accueillie avec allégresse à Prague ; Tchèques et Slovaques aspirent à un État national. Pour L’Écho d’Alger, enthousiaste, « Le sokol (faucon) a terrassé l'aigle bicéphale : c'est le triomphe de l'entrainement physique et moral ».

La France est le premier pays à reconnaître officiellement le Conseil national tchécoslovaque, deux mois avant la proclamation de l’indépendance de la Tchécoslovaquie le 28 octobre 1918, confirmée par le traité de Saint-Germain-en-Laye (10 septembre 1919). À Prague, en souvenir des volontaires, la garde du palais du gouvernement, est désormais assurée à tour de rôle dans l’uniforme français, russe ou italien.

Entourée de toute part par des voisins hostiles, la jeune démocratie tchécoslovaque élève les Sokols au rang d’instructeurs de toute une nation. Le Slets de 1920 se tient dans une nation libre, toute entière tournée vers ses gymnastes. Le 1er juillet, les Sokols sont à la Une de L’Excelsior.

Ces derniers, qui additionnent les médailles dans les compétitions internationales, participent à l’avènement d’une nouvelle forme de diplomatie, sportive ; une « diplomatie de plein air » selon le mot d’Edouard Herriot en 1929. C’est un peuple tout entier que façonnent les Sokols, par une éducation physique autant sociale, sanitaire et culturelle.

En 1924, dans les colonnes des Annales politiques et littéraires, l’intrépide journaliste et écrivaine (et pilote !) Louise Faure-Favier donne la parole à une Sokolette « constituée comme un petit athlète ».

« Elle nage, elle court, elle saute à la perche, elle lance le disque, elle tire à l'arc, et tous les exercices rythmiques lui sont familiers. »

Le Journal rend compte en 1926 de la dimension nouvelle acquise par les grandes célébrations des Sokols.

« Et, aujourd'hui encore, après que l'effort des combats et que le souffle du destin ont balayé les vieilles entraves, maintenant que la Jérusalem nouvelle, longtemps prophétisée par un Masaryk, est sortie du chaos guerrier, c'est bien encore cette étonnante souplesse dans la cohésion, cette multiplicité dans l'unité qui donnent aux exercices des sokols leur beauté propre et réellement exceptionnelle.

Il faut voir ces milliers d'hommes mûrs, de jeunes filles et de jeunes gens se mouvant, marchant, se levant, se baissant, jouant tous ensemble des bras, des jambes, ou du torse, sur un rythme large et puissant, comme si chacun de ces êtres n'était plus qu'une cellule intégrée dans un tout.

C'est un spectacle surprenant. Un commandement et toute l'arène, qui était blanche de la blancheur de quinze mille maillots, devient instantanément noire de la noirceur de quinze mille culottes car chacun s'est courbé en deux touchant presque le sol du front. Cette discipline poussée jusqu'à la parfaite unité criait, jadis, éloquemment la survivance d'une nation toujours intacte dans ses fers. Aujourd'hui, elle signifie, moins pathétiquement peut-être, mais avec une force persuasive, la parfaite santé d'un peuple prêt aux plus rudes tâches. »

Le Slet de 1932, le 9e, est le plus important. Intitulé « Le Rêve de Tyrs », il est entièrement tourné autour de la figure du père des Sokols. La démonstration est d’une ampleur exceptionnelle et l’esthétique de la mise en scène est à l’heure antique. L’envoyé spécial de Comœdia décrit le spectacle grandiose que les Sokols offrent à la Tchécoslovaquie :

« Le stade donne alors l'impression de la vie antique. Sur la blancheur des tuniques les chlamides mettent leurs couleurs diverses, le bleu domine, bleu cru, bleu tendre, bleu gris, bleu acier, relevé de-ci de-là par des manteaux verts ou orange. […]

La vie s'arrête sur le stade, tout se repose dans un grand calme silencieux, Tout à coup, à un appel de trompette, les 5.000 participants de la scène allégorique réunis sur le stade se dressent. Ils s'étaient couchés Hellènes ; ils se relèvent Sokols ; ainsi se matérialise la vision de Tyrs.

En même temps l'autel d'Olympie fait place à un buste de Tyrs pendant que frémissantes, les couleurs tchécoslovaques jaillissent au sommet d'une hampe. »

Six ans plus tard, le péril est désormais aux frontières de la Tchécoslovaquie. Le Slet de 1938 est intitulé « Édifier et Défendre ». Il est placé sous le signe de l’antifascisme, exaltant l’identité slave face au pangermanisme, qui ceinture de nouveau la vieille Bohème. L’envoyé spécial du Journal à Prague en juillet 1938 rappelle que l’événement se déroule désormais dans un contexte lourd de menaces :

« L'après-midi, le peuple submergea à nouveau le stade, mais avec une intensité peut-être jamais atteinte, pour acclamer jusqu’au seuil de la nuit une étonnante parade militaire à laquelle participaient tous les éléments de l'armée de terre et de l'air tchécoslovaque et des détachements de l'armée yougoslave et de l'armée roumaine venus pour affermir les liens d'amitié de la Petite-Entente.

S'il eût été encore nécessaire, ce spectacle eut suffi à nous convaincre que ce pays a su forger son bouclier, il ne se laisserait pas intimider et, s'il le fallait, serait de taille à tenir tête à l’agresseur. »

À l’heure des grand-messes de la propagande totalitaire fasciste ou communiste, les Sokols offrent un tout autre visage. Exaltation de la culture slave, le mouvement s’inscrit résolument dans l’héritage des Lumières et de la Révolution française, comme le rappelait Le Populaire

En 1938, tel le chant du cygne, sa dernière démonstration s’effectue dans une apothéose antifasciste, avant qu’il ne soit écrasé et sa patrie démembrée par le nazisme.

Venus d’outre-tombe et rapportés opportunément par Le Journal, les mots de Miroslav Tyrš prennent alors un sens prophétique :

« Nous voyons des nations et des États s'écrouler sous la main puissante du destin ; nous voyons, d'autre part, des nations fortes et vigoureuses qui prennent leur place au premier rang, armées d'une discipline de fer. Leur voisin, non préparé, devient leur victime.

Que chacun soit en garde par ces temps où les nuages de la guerre couvrent l'horizon ! Sortira seule victorieuse de la lutte la nation qui s'est aguerrie à temps et qui veillait à ce qu'un ensemble puissant soit formé par des individus vigoureux. »

La nation tchécoslovaque réunie autour de ses sportifs et le monde qui le regarde ignorent encore que la dernière démocratie d’Europe centrale aura cessé d’exister dans quelques mois à peine. Non pas conquise mais abandonnée par d’autres démocraties qui n’ont, quant à elles, pas voulu se préparer à affronter le défi lancé à la liberté par le fascisme.

Édouard Sill est docteur en histoire, spécialiste de l'entre-deux-guerres, notamment de la guerre d’Espagne et de ses conséquences internationales. Il est chercheur associé au Centre d’Histoire Sociale des Mondes Contemporains.