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« La fête des fantômes » : lorsque les Français découvraient Halloween

le 30/10/2023 par Le Voltaire
le 26/10/2022 par Le Voltaire - modifié le 30/10/2023
Fantômes chez une diseuse de bonne aventure lors de la célébration d'Halloween, 1919 - source : The Book of Hallowe'en-WikiCommons
Fantômes chez une diseuse de bonne aventure lors de la célébration d'Halloween, 1919 - source : The Book of Hallowe'en-WikiCommons

A l’automne 1917, tandis que les États-Unis viennent d’entrer en guerre du côté des Britanniques et Français, on annonce pour la première fois dans la presse la curieuse fête américaine de la « veille de la Toussaint ». Parmi les jeux proposés : réduire en bouillie le visage de Guillaume II.

On pourrait croire que les peuples nouveaux n’ont pas de traditions : ce serait les bien mal connaître. Christmas est célébré avec pompe en Amérique ; mais il est une autre coutume que nous ignorons dans la vieille Europe et qui est particulièrement chère aux Américains. La veille de la Toussaint, suivant la légende, les fantômes, spectres et autres revenants sortent de leurs tombes, et les populations de la libre Amérique ne manqueront pas de les célébrer. La tradition est tellement forte que les soldats transplantés sur notre sol, vont ce soir fêter, avec tout le cérémonial accoutumé, la fête d’Halloween. Nous en avons vu, ce matin, tous les préparatifs.

La salle est décorée pompeusement : des masques sont suspendus aux murs, des costumes mystérieux attendent qu’on les revête. On fera tout à coup l’obscurité et les apparitions s’élèveront. Ce seront, en l’occurrence, d’aimables girls américaines qui représenteront sorcières et fantômes. Et puis, la lumière reparaîtra et l’on se livrera aux mille petits jeux que l’on nomme chez nous de « société ». C’est ainsi que dans une cuve d’eau on placera une pomme qu’il s’agira de saisir avec les dents.

Mais le clou de la soirée sera sans conteste « l'œil au beurre noir » du Kaiser. Il s’agira de flanquer des coups de poing formidables sur la tête du Kaiser. On imagine quelle ardeur y mettront les Sammies. Déjà ils préparent leur poing : c’est à qui frappera le plus fort.

Ces jeux sont amusants : l’ardeur guerrière des soldats yankees s’en trouvera stimulée ; mais ce n’est, nous disait ce matin notre guide dans l’immeuble de l’avenue Montaigne, qu’un symbole précurseur de la raclée qu’effectivement les fils de Washington et de Lincoln comptent infliger aux sujets de Guillaume II.