Chronique

Cochon contre Vautour, lutte pour les mal-logés de Paris

le 08/11/2019 par Paul Boulland
le 30/08/2017 par Paul Boulland - modifié le 08/11/2019
RetroNews : hôtel de la Rochefoucauld, boulevard Lannes, Georges Cochon rejoignant les familles menacées d'expulsio] : Agence Rol - Source Gallica BnF

"C'est Cochon, qui s'fout des propriétaires" - L'Historien Paul Boulland revient sur la couverture médiatique de la lutte du syndicaliste Georges Cochon pour loger les locataires en difficulté dans le Paris de l'avant-guerre jusqu'aux années 1930.

Déjà avant la Première guerre mondiale et jusqu’à la fin des années 1930, l’ouvrier tapissier Georges Cochon anima régulièrement les colonnes de la presse. Militant libertaire, président de l’Union syndicale des locataires puis de la Fédérations des locataires, il organisait la lutte contre « Monsieur Vautour », surnom donné aux propriétaires.

"Contre M. Vautour : une lettre à M. Caillaux.

[...] Monsieur le Président du Conseil, depuis deux jours, par ordre du M. le préfet de police, mon logement est interdit à toute personne qui désire me voir. [...] Je suis quasi séparé du reste du monde, presque emprisonné. Pourquoi ? parce que M. le préfet de police, obéissant illégalement à une réquisition de ma propriétaire, a donné l'ordre à l'officier de paix du 15e arrondissement d'empêcher mon déménagement".

Georges Cochon défraya une première fois la chronique en décembre 1911, lorsqu’il organisa le déménagement public de son propre appartement, rue de Dantzig. À l’approche de la police, il se barricada chez lui et resta enfermé cinq jours, ravitaillé par ses voisins.

L’une des revendications de l’Union syndicale des locataires était l’interdiction des saisies de mobilier en cas de loyers impayés, d’où l’organisation des « déménagements à la cloche de bois ». Ces derniers mobilisaient les militants ou les voisins, au son d’une fanfare, « le raffût de Saint-Polycarpe ». Georges Cochon revendiquait également la réquisition des bâtiments inoccupés, comme dans sa tribune contre les « Palais inutiles » en 1912, et organisa ainsi les premiers « squats ». Sa renommée dépassait largement Paris.

"Le citoyen Cochon découvre que l'État pourrait loger dans ses monuments vides de Paris deux mille familles pauvres et faire une bonne affaire : lettre ouverte à M. le ministre de l'intérieur. [....]

Que demande le peuple ? Ni pain, ni je...

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