Extrait du journal

Il y avait entre lui et moi cette distance de l’aînesse, ce respect que je lui portais parce que d’abord il avait été pour moi cet esprit qui embrasse le monde, cet écrivain déjà célèbre quand à peine je cessais d’être un enfant. Mais il y avait aussi entre nous ces liens que créent, en des hommes d’histoires et d’âges différents, ce même débat de la pensée et du monde, ce long drame de ceux qui ne peuvent se contenter d’écrire pour eux-mêmes, pour la beauté d’une chanson, tandis que se joue le sort du monde. Jean-Richard Bloch, c’était d’abord celui qui pèse le pour et le contre, celui qui mesure le désastre possible, le risque de préférer telles méthodes à telles autres, d’engager ainsi tout l’héritage humain, c’était d’abord celui qui dresse le bilan de l’époque et ne veut en rien perdre, et adjure îles uns et les autres de sauvegarder ensemble les valeurs de l’esprit, les gains de l’homme sur la nuit....